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Création : Anna Thibaud (1908) - reprises : Resca, Esther Lekain, Paulette Delierre, Marie-Thérèse Berka, Yette Anceny, Mlle Dzélie, Charlotte Martens, Danielle Darrieux, Caroline Cler
Paroles : Gabriel Timmory - Musique : Henri Christiné - Éditeur : Christiné (1908)
Chez une amie qui depuis longtemps vous invite
Vous arrivez un jour pour lui rendre visite
On vous présente avec force salamalecs
Un tas de gens quelconques, monsieur X ou I grec
On prend le thé, l'on cause, l'on rit, l'on potine
Votre voisin vous dit des choses libertines
Vous le trouvez gentil et sans l’ moindre embarras
Vous lui dites "Cher monsieur, j'espère qu'on se r'verra"
C'est un tout petit béguin
C'est un caprice, un rien
Mais c'est très agréable
On se rencontre en chemin
On se donne la main
Simplement pour se montrer aimable
Le lend'main comme par hasard
On se r'trouve autre part
Dame, on n'est pas coupable
On se dit "Qu'est-ce que je risque ? il faut bien rire un brin…
Ce n'est pas d’ l'amour, c'est un petit béguin"
Puis, comme d'une bonne œuvre on est dame patronnesse
Certain jour vous mettez une voilette épaisse
Car le galant jeune homme vous a dit qu'il fallait
Venir à domicile lui placer vos billets
Vous filez prestement devant la pipelette
D'un doigt un peu tremblant vous pressez la sonnette
Vous le quittez après une heure d'intimité
Heureuse d'avoir fait acte de charité
C'est un tout petit béguin
C'est un caprice, un rien
Mais c'est très agréable
Aussi très discrètement
On se voit fréquemment
L'entretien n'ayant rien d'effroyable !
On se dit avec candeur :
"Je n'engage pas mon cœur
Je d'meure irréprochable
Et pour l'avenir je suis tranquille, car enfin
Ce n'est pas d’ l'amour, c'est un petit béguin"
Sans s'en apercevoir, voilà six mois que dure
Ce béguin fugitif, cette courte aventure
Quand un jour votre ami, plein de ménagement
Vous dit qu'il doit songer à son établissement
Il est, pour obéir aux vœux de sa famille
Fiancé de la veille avec une jeune fille
Vous faites bonne contenance en lui disant adieu
Mais vous sentez des larmes monter à vos yeux
C'est un tout petit béguin
C'est un caprice, un rien
Mais, chose invraisemblable,
On constate avec frayeur
Que l'on ressent au cœur
Comme une douleur intolérable
Et l'on se met à souffrir
On voudrait se guérir
On en est incapable
C'est alors que l'on comprend au fond de son chagrin
Que c'était d’ l'amour, ce tout petit béguin