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Titre :Le retour
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Boyer, Lucien
Interprète(s) :Monteaux, Roger
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :25 cm aiguille (enregistrement électrique)
Marque de fabrique, label :Odéon
Numéro de double-face :166.765
Numéro de catalogue :Ki6565-2
Inscriptions complémentaires :Chatou M3-71099
Date de l'enregistrement :1934-03-xx
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Numark TT500USB, SME-Clément, pointe 2,8ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe Columbia
Date du transfert :20-02-2015
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Coll. José Sourillan. Première Guerre mondiale, Grande Guerre, 1914-1918, France
Texte du contenu :Le retour

Lucien Boyer - Éditeur : Salabert, Paris (1919)


La guerre était finie et Dieu jusque là-haut,
Parmi les astres d'or brillants comme des phares,
Entendit des clameurs et des bruits de fanfares
Et des hourras partant de Douvres à Tsing-Tao.

— Quel bruit, demanda-t-il, trouble l'azur sans voile ?
— Seigneur, fit une voix dans les célestes chœurs,
C'est le grand défilé des Alliés vainqueurs
Qui passe sous l'Arc de Triomphe de l’Étoile.

Saint Pierre, en tortillant sa barbe de prophète.
Fébrile, trépidant comme un vieux cocardier,
Cria : Faites venir Flambeau, le grenadier.
Il va nous expliquer les détails de la fête:

Et Flambeau s'avança, pimpant comme à Sçhoenbrunn
Il dit : Ça me connaît la gloire militaire !
Tous ces beaux régiments qui dénient, sur terre,
Je vais vous les nommer, messeigneurs, un à un.

Des cavaliers passaient avec un bruit de houle.
Il annonça : Voici les hussards ! Les dragons !
Et les portes du ciel frémirent sur leurs gonds
Aux transports délirants qui montaient de là foule.

Ce n'est rien, dit Flambeau, c'est le commencement !
Voici les artilleurs!… dominant les trompettes
Des hourras si nourris qu'on eût dit des tempêtes
Soufflèrent en rafale et jusqu'au firmament.

Ce n'est rien, dit Flambeau, vous verrez mieux, j'espère.
Ah ! voici le génie !… Et les aviateurs !
Dans le vrombissement farouche des moteurs,
L'immense voix du peuple assourdit Dieu le Père.

Puis Flambeau se penchant annonça : Les marins !
Cette fois, la clameur bouleversa les mondes
Et le soleil, conquis, jeta des palmes blondes
À ces humbles fêtés comme des souverains.

Ce n'est rien, dit Flambeau d'une voix attendrie,
Vous allez voir quand va passer l'infanterie…
Cela sera formidable, torrentiel,
J'ai peur que ce hourra fasse crouler le ciel !

Et voici que soudain, après ces chevauchées,
Ils virent s'avancer les hommes des tranchées :
Les chasseurs, les lignards, les zouaves, les alpins,
Ceux qui prenaient racine ainsi que des sapins

Quand les minenwerfers déchaînaient leurs bourrasques.
C'était un océan de casques et de casques,
Mais au lieu de clameurs de victoire, plus rien,
Le silence… Indigné, Flambeau rugit : Eh bien !

Ils ont bravé pour vous la mort, la faim, le givre,
Vous leur devez l'orgueil et le bonheur de vivre,
Et quand vient le moment de leur ouvrir vos bras
Vous vous taisez ? Français, vous êtes des ingrats !

Mais comme il achevait à peine cette phrase,
Il regarda la Terre, et fut rempli d'extase…
Dans l'or éclaboussant du couchant radieux
Les poilus s'avançaient comme des demi-dieux

Sous leurs casques de fer plus troués que des cibles.
Et, frémissant devant ces héros impassibles
Dont le regard allier semblait dire : C'est nous !
Tout le peuple, muet, s'était mis à genoux.



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