Matériel employé au transfert : | Garrard 401, SME-Clément, pointe 3,3ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe Westrex, passe-bas 6kHz, Cedar X declick, decrackle, dehiss |
Texte du contenu : | Une scène de guerre : combats contre des soviets - Yvet, Drouin, Trousseau
[...] Soviets tués au cours d'un précédent combat. Halte ! À droite, apportés par le vent, des bruits de gamelle. La lisière du bois est animée. On écoute encore. On ne voit rien d'autre que la longue trace faite sur la neige par les tirs d'une mitrailleuse bolchevique. Nous tournons vers la droite, vers le pont dont il faut savoir qu'il est occupé. On avance pas à pas avec d'infinies précautions. Halte ! Le chef donne les derniers ordres. Un homme à gauche, un homme à droite, un homme devant, un homme derrière, deux dont moi au centre. La sécurité est ainsi assurée. Le chef va seul plus loin. On attend. Des minutes qui sont longues, longues. Là-bas, soudain, quelques silhouettes. Nous sommes découverts. Dans le lointain on tire. Le chef ordonne le retour, retour sans histoire. Voici déjà, à une trentaine de mètres, les barbelés de nos lignes. La patrouille est finie. Soudain nous apercevons devant notre réseau une ombre qui se jette à terre dès qu'elle nous entend. Halte ! qui va là ?... Pas de réponse. Halte ! qui va là ?... [coups de feu] L'homme se tortille. C'est un Soviet qui voulait couper les fils. Le chef réalise la situation : Cet homme n'est pas seul. Attention ! Alarme ! Alarme ! [coups de feu] Le combat s'engage dans la tranchée. Le chef a bondi dans la chicane, il dirige le tir. Maintenant, un à un, nous allons franchir la chicane sous la protection des autres camarades de la patrouille. Je rentre à mon tour. Le dernier camarade a maintenant regagné la tranchée. Des fusées éclairent. Le tir va reprendre. Les ordres sont donnés. [coups de feu] Le coup de main par surprise est raté. La patrouille a rempli sa mission. Maintenant je suis dans le bunker à l'abri, tout ému. Six hommes ont évité le pire danger à leurs camarades tout en frôlant la mort car les Soviets étaient à moins de vingt mètres. Mais n'est-ce pas là le rôle des patrouilleurs ? Pour moi, pendant quelques heures, j'ai vécu à nouveau des heures que j'avais éprouvées en 1939. N'est-ce-pas, Yvet, n'est-ce-pas, Drouin, n'est-ce-pas, Trousseau. Heures intenses de dépouillement, heures qui ne comptent plus, heures que ne comptent plus ces S.S. qui depuis trois ans se battent contre la barbarie. Ce matin encore, la barbarie a été repoussée grâce au sang-froid de ces hommes, au cran de leur chef et ces hommes, et ce chef dont j'étais...
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