J’étais page aimé de la reine
Quand vers le bois, vers le bois elle partait
Sur son fier coursier d’Aquitaine
Pour chercher un de ces retraits
Où sur le sol on voit la mousse
S’étendre, s'étendre au bord d’un bleu ruisseau
Où la feuillée à l’ombre douce
Sur l’amour étend son rideau.
Ah ! qu’il était doux mon servage
Quand la belle reine oubliait
Son front couronné pour son page,
Son page qu’elle aimait.
Ah ! qu’il était doux mon servage
Quand la belle reine oubliait
Son front couronné pour son page
Son page qu’elle aimait.
Beau page aimé de la reine
Filant des jours de soie et d’or
Vrai Dieu ! dans le royal domaine
Comme c’était doux temps, doux temps alors !...
Maintenant je suis capitaine
À la tête de cent archers
À la tête de cent archers
Chaque jour autour du domaine
Passant la vie à chevaucher
Passant la vie à chevaucher
Ce n’est plus le temps où la reine
Fuyait avec son page aimé
Où le sire appelait en plaine
L’écuyer qu’il avait armé.
Mais c’est encor un bon servage
Le capitaine aime le vin
Comme la reine aimait le page
Et l’écuyer, son suzerain.
Le vin pour le vieux capitaine
Remplace la gloire et l’amour
Vrai Dieu ! dans le royal domaine
Ah ! ce sera beau temps, beau temps toujours.