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Titre : | La peur ; La peur à l'hôpital (1) J'ai eu peur |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Chevallier, Gabriel |
Interprète(s) : | Gémier, Firmin ; Adam, Colette |
Genre : | Diction : théâtre |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | ![]() |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 30 cm aiguille (enregistrement électrique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | ERSA La Voix des nôtres |
Numéro de catalogue : | VN143 |
Date de l'enregistrement : | 17-06-31 |
Instruments : | Déclamation, diction, monologue |
État : | Exc++ |
Vitesse (tours/minute) : | 80 |
Matériel employé au transfert : | Numark TT500USB, SME-Clément, pointe 4,0ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat |
Date du transfert : | 20-03-2015 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. Coll. José Sourillan. Dartemont : Firmin Gémier. L'infirmière : Mlle Colette Adam du théâtre de l'Odéon. Première Guerre mondiale, Grande Guerre, 1914-1918, littérature, théâtre, poésie |
Texte du contenu : | La peur à l'hôpital (face 1)
- Qu'avez-vous fait au front ? - Rien qui mérité d'être rapporté si vous désirez des prouesses. - Vous vous êtes bien battu ? - Sincèrement, je l'ignore. Qu'appelez-vous se battre ? - Vous étiez dans les tranchées. Vous avez tué des Allemands ? - Pas que je sache. - Enfin, vous en avez vu devant vous. - Jamais. - Comment ? en première ligne ? - Oui, en première ligne. Je n'ai jamais vu d'Allemand vivant, armé, en face de moi. Je n'ai vu que des Allemands morts. Le travail était fait. Je crois que j'aimais mieux ça. En tout cas, je ne puis vous dire comment je me serais conduit devant un grand Prussien féroce et comment cela aurait tourné pour l'honneur national. Il y a des gestes qu'on ne prémédite pas ou qu'on prémédite inutilement. - Mais alors, qu'avez-vous fait à la guerre ? - Ce qu'on m'a commandé, strictement. Je crains qu'il n'y ait là rien de très glorieux et qu'aucun des efforts qu'on m'a imposés n'ait été préjudiciable à l'ennemi. Je crains d'avoir usurpé la place que j'occupe dans cet hôpital et les soins que vous me donnez. - Que vous êtes énervant ! répondez donc. Je vous demande ce que vous avez fait. - Oui. Eh bien, j'ai marché le jour et la nuit sans savoir où j'allais, j'ai fait l'exercice, passé des revues, creusé des tranchées, transporté des fils de fer, des sacs à terre, veillé au créneau, j'ai eu faim sans avoir à manger, soif sans avoir à boire, sommeil sans pouvoir dormir, froid sans pouvoir me réchauffer et des poux sans pouvoir toujours me gratter... Voilà ! - C'est tout ? - Oui, c'est tout... ou plutôt non, ce n'est rien. Je vais vous dire la grande occupation de la guerre, la seule qui compte : J'ai eu peur. - Vous êtes peureux, Dartemont ? - En effet, je suis peureux, mademoiselle. Cependant je suis dans la bonne moyenne. - Vous prétendez que les autres aussi avaient peur ? - Oui. - C'est la première fois que je l'entends dire et je l'admets difficilement. Quand on a peur, on fuit. - L'homme qui fuit conserve sur le plus glorieux cadavre l'inestimable avantage de pouvoir encore courir. Mais, tranquillisez-vous, on ne fuit pas à la guerre, on ne peut pas... - Ah ! on ne peut pas... Mais si on pouvait ? - Si on pouvait ? Tout le monde foutrait le camp ! Tous, sans exception, le Français, l'Allemand, l'Autrichien, le Belge, le Japonais, le Turc, l'Africain... Tous... Si on pouvait ? Vous parlez d'une offensive à l'envers, d'un sacré Charleroi dans toutes les directions, dans tous les pays, dans toutes les langues... plus vite, en tête. Tous, on vous dit, tous ! - Et les officiers ? On a vu des généraux marcher en tête de leurs divisions. - Oui, ça s'est dit. Ils ont marché une fois, pour crâner, pour épater la galerie, ou sans savoir, comme nous avons marché nous-mêmes le premier coup. Une fois mais pas deux ! Quand on a tâté des mitrailleuses en rase campagne, on ne ramène pas ses os devant ces engins pour le plaisir. Soyez assurée que si les généraux faisaient partie des vagues d'assaut, on n'attaquerait pas à la légère. Mais ils ont découvert l'échelonnement en profondeur, nos bons vieillards agressifs. C'est la plus belle découverte des états-majors. |
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