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Titre : | 31 juillet 1914, la dernière journée de Jaurès, récit d'un témoin, Pierre Renaudel | |||
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Renaudel, Pierre | |||
Interprète(s) : | Renaudel, Pierre | |||
Genre : | Témoignage historique | |||
Fichier audio : | ||||
Photo(s) : |
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Support d'enregistrement : | Disque | |||
Format : | 30 cm aiguille (enregistrement électrique) | |||
Lieu d'enregistrement : | Paris, France | |||
Marque de fabrique, label : | La voix des nôtres | |||
Numéro de double-face : | DR802 | |||
Numéro de catalogue : | VN107 | |||
Numéro de matrice : | PART 15316 | |||
Inscriptions complémentaires : | Chatou M6-75186 [1934-10-xx] | |||
État : | Exc++ | |||
Vitesse (tours/minute) : | 78 | |||
Matériel employé au transfert : | Numark TT500USB, SME-Clément, pointe 4,0ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat | |||
Date du transfert : | 20-03-2015 | |||
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. Coll. José Sourillan. Première Guerre mondiale, Grande Guerre, 1914-1918, France. Assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain | |||
Texte du contenu : | La dernière journée de Jaurès, par Pierre Renaudel
31 juillet 1914. Jaurès est arrivé tard à L'Humanité. L'état de danger de guerre est proclamé en Allemagne, est-ce la mobilisation ? est-ce la guerre ? Anxieux, Jaurès a conversé tout le jour avec les ministres. Il vient de les revoir avec une délégation du groupe socialiste. Trois pensées ont animé ces entrevues : À tout prix retenir les initiatives imprudentes de la Russie, à tout prix assurer la pleine entente avec l'Angleterre ; enfin chercher l'occasion de l'arbitrage, recours suprême de la paix. Déjà il songe à l'arbitre possible, le président Wilson. Il lui télégraphiera demain. Demain, demain... Aujourd'hui, Jaurès attend pour les commenter des nouvelles du discours d'Asquith à la Chambre des Communes. Les dépêches tardent. Il est 20 heures. "Allons dîner au plus près, au Croissant, dit-il, nous y serons davantage entre nous". Il y a là avec lui, Amédée Dunois, Ernest et Marguerite Poisson, Georges Weill, Daniel Renoult, Maurice Bertre, Louis Dubreuilh, Jean Longuet, puis un peu plus tard Duc-Quercy et Marius Viple, tous ses amis de Parti, ses collaborateurs, enfin, Philippe Landrieu et Pierre Renaudel. Entre eux deux, Jean Jaurès est assis. Le funeste hasard l’a placé de biais, le dos à la fois contre le mur et devant une fenêtre de la rue Montmartre. Il fait chaud, la fenêtre est ouverte, un brise-bise sépare seul Jaurès de la curiosité ou de la malfaisance de la rue. Jaurès, préoccupé, laisse pourtant cours à sa bonne humeur faite d’équilibre, de simplicité, de bonté et d’esprit malicieux ; le voici qui s’intéresse au cliché d’une photographie en couleur. Il est déjà 21h40, on va remonter au journal, pour l’article. Tout à coup, le brise-bise s’agite brutalement et se déplace. Une main s’avance vers la tête de Jaurès, un scintillement de nickel, deux éclairs, deux claquements et le premier, Jean Jaurès s’est incliné doucement sur le côté gauche. Une clameur déchirante et aiguë de Marguerite Poisson "Ils ont tué Jaurès !". Dans la rue, Raoul Villain est presque aussitôt arrêté. Au milieu du tumulte dont le café s'emplit, je regarde Jaurès dont la tête est 1à, inerte sur mes genoux. Jaurès a été surpris en plein sourire ; la trace en est encore sur les lèvres, mais le teint se plombe, devient gris, les yeux sont fermés ; fébrilement, mes doigts cherchent la blessure sous les cheveux drus et rudes. Je sens une humidité chaude et la hernie molle de la matière cérébrale. La mort est là. Abominable et inoubliable cauchemar ! Jaurès est maintenant couché sur la table voisine. Les battements de ce grand cœur s'affaiblissent et cessent, comme toute pensée de ce vaste cerveau foudroyé est abolie. Au milieu des sanglots, le docteur prononce : "Messieurs, monsieur Jaurès est mort !" L'esprit maudit du nationalisme et de la guerre a choisi sa première victime comme si l'apôtre de la paix devait d'abord disparaître pour que la nuée d'orage sanglant crevât sur le monde. Mais le souvenir sera plus fort que la mort. Vive Jean Jaurès, démocrate, républicain, socialiste, pacifiste, immortel génie de l'humanité ! - - - Une autre transcription de ce texte, avec des notes sur https://shs.cairn.info/jean-jaures--9782262036614-page-293?lang=fr Voir aussi : Jacqueline Lalouette : Jean Jaurès - L'assassinat, la gloire, le souvenir, Perrin, 2014, 384 pages. En accès libre sur : https://shs.cairn.info/jean-jaures--9782262036614 |
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