Paroles : Valentin Tarault - Musique : Félicien Vargues - Éditeur : Georges Ondet - Paris (1903)
C’était la fille d’un charcutier
Elle connaissait bien son métier
La journée dans la boutique
C’est elle qui servait les pratiques
Et depuis l' matin jusqu'au soir
En souriant derrière son comptoir
À tout l' quartier, sans bégueulerie
Elle débitait d’ la cochonnerie
Mais comme elle avait des taches de rousseur
La p'tite ressemblait hi, hi, comme une sœur
Aux p'tits jambonneaux qui ornaient la d'vanture
Et c'est sans doute à cause de cela
Qu' dans le quartier, tout l’ monde l’appela
La môme Chapelure, la môme Chapelure
Comme elle avait d' jolis appas
Les amoureux n' lui manquaient pas
Pourtant, fidèle à ses andouilles
La p'tite les renvoyait bredouilles
Enfin, comme il s' doit, gentiment
Elle choisit tout d' même un amant
Et pour lui quitta ses terrines
Ses pieds truffés, sa galantine
Les premiers baisers lui semblèrent si bons
Qu'elle trouva l'amour meilleur que l' jambon
Mais bientôt la chose prit une telle tournure
Jusqu'au jour où au lieu d' rigoler
Elle mit au monde un p'tit salé
La môme Chapelure, la môme Chapelure
Alors son amant la lança
Et la pauvre petite pleurnicha
Mais dans la vie, faut être pratique
On s' les cale pas avec des briques
Et d'puis c' temps-là sur le pavé
Songeant au gosse qu'il faut él'ver
Elle trime sous l’œil de la police
Chair à plaisir, chair à saucisse
Elle vend du bonheur avec un air las
Comme si qu'elle vendrait deux ronds d' cervelas
On croit qu' son amour l'éloigne d' c'te rognure
Elle a pas changé d' position
Elle travaille toujours dans l' cochon
La môme Chapelure, la môme Chapelure