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Titre :À quoi rêvent les jeunes filles ; acte I, scène I (musique de scène "Clair de Lune" de Debussy)
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Musset, Alfred de ; Debussy
Interprète(s) :Renaud, Madeleine ; Sully, Jeanne
Genre :Diction : théâtre
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :25 cm aiguille (enregistrement électrique)
Marque de fabrique, label :Columbia
Numéro de double-face :DB-4884
Numéro de catalogue :52-1157
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :73,9
Matériel employé au transfert :Stanton 150, SME-Clément, pointe 2.5ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat
Date du transfert :26-11-2015
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Coll. Frédérick Sully
Texte du contenu :À quoi rêvent les jeunes filles ; acte I, scène I (musique de scène "Clair de Lune" de Debussy)


NINETTE
Onze heures vont sonner. — Bonsoir, ma chère sœur. Je m’en vais me coucher.
NINON
Bonsoir. Tu n’as pas peur de traverser le parc pour aller à ta chambre ? Il est si tard ! Veux-tu que j’appelle Flora ?
NINETTE
Pas du tout. — Mais vois donc quel beau ciel de septembre ! D’ailleurs, j’ai Bacchanal qui m’accompagnera. Bacchanal! Bacchanal !
NINON
O Christe ! dum fixas cruci
Expandis orbi brachia,
NINETTE
Ma chère, je suis morte !
NINON
Qu’as-tu ? qu’arrive-t-il ?
NINETTE
Je ne peux plus parler.
NINON
Pourquoi? Mon Dieu ! je tremble en te voyant trembler
NINETTE
Je n’étais pas, ma chère, à trois pas de ta porte ; un homme vient à moi, m’enlève dans ses bras, m’embrasse tant qu’il peut, me repose par terre et se sauve en courant.
NINON
Ah ! mon Dieu ! comment faire ? C’est peut-être un voleur.
NINETTE
Oh ! non, je ne crois pas. Il avait sur l’épaule une chaîne superbe, un manteau d’Espagnol, doublé de velours noir et de grands éperons qui reluisaient dans l’herbe.
NINON
C’est pourtant une chose étrange à concevoir qu’un homme comme il faut tente une horreur semblable. Un homme en manteau noir, c’est peut-être le diable. Oui, ma chère. Qui sait ? Peut-être un revenant.
NINETTE
Je ne crois pas, ma chère ; il avait des moustaches.
NINON
J’y pense, dis-moi donc, si c’était un amant !
NINETTE
S’il allait revenir ! Il faut que tu me caches.
NINON
C’est peut-être papa qui veut te faire peur. Dans tous les cas, Ninette, il faut qu’on te ramène. Holà ! Flora, Flora ! reconduisez ma sœur.
Adieu, va, ferme bien ta porte.
NINETTE
Et toi la tienne
NINON
Des éperons d’argent, un manteau de velours ! Une chaîne ! un baiser ! — C’est extraordinaire. Je suis mal en bandeaux ; mes cheveux sont trop courts. Bah ! j’avais deviné ! — C’est sans doute mon père. Ninette est si poltronne ! — Il l’aura vue passer. C’est tout simple, sa fille, il peut bien l’embrasser. Mes bracelets vont bien. Ah ! demain, quand j’y pense, ce jeune homme étranger qui va venir dîner ! C’est un mari, je crois, que l’on veut nous donner. Quelle drôle de chose ! ah ! j’en ai peur d’avance. Ma sœur lui plaira mieux. — Bah! nous verrons toujours. — Des éperons d’argent ! — un manteau de velours ! Mon Dieu ! comme il fait chaud pour une nuit d’automne. Il faut dormir pourtant — N’entends-je pas du bruit ? C’est Flora qui revient ; — non, non, ce n’est personne.
Tra la, tra deri da. — Qu’on est bien dans son lit ! Ma tante était bien laide avec ses vieux panaches hier soir à souper. — Comme mon bras est blanc - Traderida. — Mes yeux se ferment. — Des moustaches... Il la prend, il l’embrasse, et se sauve en courant. — Cette voix retentit encore à mon oreille. Ce baiser singulier me fait encore frémir.Nous verrons cette nuit, il faudra que je veille. Cette nuit, cette nuit, je ne veux pas dormir. Toi dont la voix est douce et douce la parole, chanteur mystérieux, reviendras-tu me voir ?
Ou, comme en soupirant l’hirondelle s’envole, mon bonheur fuira-t-il, n’ayant duré qu’un soir ?
NINETTE
Audacieux fantôme à la forme voilée, les ombrages ce soir seront-ils sans danger ? Te reverrai-je encor dans cette sombre allée ou disparaîtras-tu comme un chamois léger ?
NINON
L’eau, la terre et les vents, tout s’emplit d’harmonies. Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur. J’entends sous les roseaux murmurer des génies... Ai-je de nouveaux sens inconnus à ma sœur ?
NINETTE
Pourquoi ne puis-je voir sans plaisir et sans peine les baisers du zéphyr trembler sur la fontaine et l’ombre des tilleuls passer sur mes bras nus ? Ma sœur est une enfant... et je ne le suis plus.



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