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Titre :Fantasio ; acte I scène 3
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Alfred de Musset
Interprète(s) :Pierre Bertin ; Georges Dorival [Georges Édouard Lemarchand]
Genre :Diction : théâtre
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :25 cm aiguille (enregistrement électrique)
Marque de fabrique, label :Columbia
Numéro de double-face :DB-4884
Numéro de catalogue :52-1156
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :75,6
Matériel employé au transfert :Stanton 150, SME-Clément, pointe 2.5ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat
Date du transfert :26-11-2015
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Coll. Frédérick Sully
Texte du contenu :Fantasio, acte 1, scène 3


LE PRINCE
Eh bien, colonel ?
MARINONI
Altesse
LE PRINCE
Eh bien, Marinoni ?
MARINONI
Mélancolique, fantasque, d'une joie folle, soumise à son père, aimant beaucoup les pois verts...
LE PRINCE
Écris cela ; je ne comprends clairement que les écritures moulées en bâtarde
MARINONI
Mélanco...
LE PRINCE
Hum ! écris à voix basse ; je rêve à un projet d'importance depuis mon dîner
MARINONI
Voilà, Altesse, ce que vous demandez
LE PRINCE
Ah ! très bien. Je ne connais pas dans tout mon royaume de plus belle écriture que la tienne et c'est très bien. Je te nomme mon ami intime... assieds-toi... à quelque distance. Vous pensez donc, mon ami, que le caractère de la Princesse, ma future épouse, vous est secrètement connu ?
MARINONI
Oui, Altesse ; j'ai parcouru les alentours du palais, et ces tablettes renferment les principaux traits des conversations différentes dans lesquelles je me suis immiscé... immiscé
LE PRINCE
Il me semble que je suis poudré comme un homme de la dernière classe
MARINONI
L'habit est magnifique
LE PRINCE
Que dirais-tu, Marinoni, si tu voyais ton maître revêtir un simple frac olive ?
MARINONI
Son Altesse se rit de ma crédulité
LE PRINCE
Non, colonel ! apprends que ton maître est le plus romanesque des hommes
MARINONI
Romanesque, Altesse
LE PRINCE
Oui, mon ami. Je t'ai accordé ce titre. L'important projet que je médite est inouï dans ma famille. Je prétends arriver à la cour du Roi mon beau-père dans l'habillement d'un simple aide de camp. Et ce n'est pas assez d'avoir envoyé un homme de ma maison recueillir les bruits publics sur la future Princesse de Mantoue. Et cet homme, Marinoni, c'est toi-même. Je veux encore observer par mes yeux.
MARINONI
Est-il vrai, Altesse ?
LE PRINCE
Ne reste pas pétrifié. Un homme tel que moi ne doit avoir pour ami intime qu'un esprit vaste et entreprenant.
MARINONI
Une seule chose me paraît s'opposer au dessein de votre Altesse.
LE PRINCE
Ah ? laquelle ?
MARINONI
L'idée d'un tel travestissement ne pouvait appartenir qu'au prince glorieux qui nous gouverne. Mais si mon gracieux souverain est confondu parmi l'état-major, à qui le Roi de Bavière fera-t-il les honneurs d'un festin splendide qui doit avoir lieu dans la galerie ?
LE PRINCE
Tu as raison. Si je me déguise, il faut que quelqu'un prenne ma place, je n'avais pas pensé à cela. Ah !ah ! cela est impossible, Marinoni.
MARINONI
Pourquoi impossible, Altesse ?
LE PRINCE
Oh ! mais je puis bien abaisser la dignité princière jusqu'au grade de colonel, mais comment peux-tu croire que je consentirais à élever jusqu'à mon rang un homme, un homme quelconque ? Oh ! penses-tu d'ailleurs que mon futur beau-père me le pardonnerait ?
MARINONI
Le Roi passe pour un homme de beaucoup de sens et d'esprit, avec une humeur agréable.
LE PRINCE
Ah ! ce n'est pas sans peine que je renonce à mon projet. Pénétrer dans cette cour nouvelle, sans faste et sans bruit, observer tout, approcher de la Princesse sous un faux nom, et peut-être m'en faire aimer ! Oh ! je m'égare, cela est impossible. Marinoni, mon ami, essaie mon habit de cérémonie. Je ne saurais y résister.
MARINONI
Altesse !
LE PRINCE
Penses-tu que les siècles futurs oublieront une pareille circonstance ?
MARINONI
Jamais, gracieux Prince
LE PRINCE
Viens essayer mon habit, viens, mon ami !

...

Non ! non ! laisse-moi me démasquer ! Il est temps que j'éclate. Cela ne se passera pas ainsi ! Feu et sang !... une perruque royale au bout d'un hameçon !... Mais sommes-nous chez les barbares ? ... dans les déserts de la Sibérie ? Y a-t-il encore sous le soleil quelque chose de civilisé et de convenable ? Ah ! j'écume de colère et les yeux me sortent de la tête !
MARINONI
Vous perdez tout par cette violence !
LE PRINCE
Et ce père ! ce Roi de Bavière ! ce monarque vanté dans tous les almanachs de l'année passée, cet homme qui a un extérieur si décent, qui s'exprime en termes si mesurés et qui se met à rire en voyant la perruque de son gendre voler dans les airs ! Ah ! car enfin, Marinoni, je conviens que c'est ta perruque qui a été enlevée... mais n'est-ce pas toujours celle du Prince de Mantoue puisque c'est lui que l'on croit voir en toi ? Ah ! quand je pense que si c'eût été moi, en chair et en os, ma perruque aurait peut-être... Ah ! oh ! hi ! ah ! il y a une providence ! Lorsque Dieu m'a envoyé tout d'un coup l'idée de me travestir, lorsque cet éclair a traversé ma pensée : Il faut que je me travestisse ! ce fatal événement était prévu par le destin. C'est lui qui a sauvé de l'affront le plus intolérable la tête qui gouverne mes peuples. Mais, par le ciel ! tout sera connu ! C'est trop longtemps trahir ma dignité. Puisque les majestés divines et humaines sont impitoyablement violées et lacérées, ah ! Marinoni ! rends-moi mon habit !
MARINONI
Si mon souverain le commande, je suis prêt à souffrir pour lui mille tortures
LE PRINCE
Viens, mon ami, allons chez le Roi. Viens, mon ami.



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