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Paroles : Louis-Ferdinand Bénech, Émile Ronn - Musique : Léo Daniderff - Éditeur : Bénech (1910)
Là-bas sous le soleil des colonies
Le p’tit marsouin marche depuis le point du jour !
Par le fusil son épaule est meurtrie
Il a bien chaud, le sac est lourd !
C’est fou de vouloir marcher davantage !
Il va plier, quand dans ses yeux soudain
De sa promise, il voit passer l’image
Il chante alors en reprenant courage :
{Refrain :}
Ah ! Ninon ! Ninon ! Tout ça n’fait rien !
Moi, je pense à la classe qui vient
À tes jolis yeux qui sont, ma mie
Plus rayonnants que le soleil d’Asie !
Ah ! Ninon ! Tout ce qui n’est pas toi
Vois-tu, ça ne compte pas pour moi
Et tout me paraît bon, ma jolie
Lorsque je pense à toi !
Enfin, ça y est, on arrive au village
Bien qu’ces gens-là soient jaunes, paraît qu’c’est des amis
On est galant près des femmes, c’est l’usage
C’est la coutume du pays
Le p’tit marsouin, dans la nuit tonkinoise
Sous les bambous, tout bas parle d’amour :
— Sûrement tout ça n’vaut pas ma p’tite bourgeoise
Mais au Tonkin, on n’est pas à Pontoise !
{Refrain :}
Ah ! Ninon ! Ninon ! Tout ça n’fait rien !
Moi, je pense à la classe qui vient !
Quand je songe à nos amours, ma mie
L’amour ici, c’est de la chinoiserie !
Ah ! Ninon, tout ce qui n’est pas toi
Vois-tu, ça ne compte pas pour moi
Mais tout me paraît bon, ma jolie
Lorsque je pense à toi !
Mais dans la nuit s’élève un cri d’alarme
On est trahi, ce n’est pas l’moment d’s’amuser !
Des cris de mort se mêlent au bruit des armes
Le p’tit marsouin tombe blessé
De l’ambulance, il écrit cette lettre :
Ninon chérie, on s’est battu là-bas
Il va falloir qu’on m’opère peut-être
Car le major n’a rien voulu promettre !
{Refrain :}
Mais, Ninon ! Ninon, tout ça n’fait rien
Moi, je pense à la classe qui vient
On m’en laissera ben assez, ma mie
Pour bécoter tes lèvres si jolies
Ah ! Ninon ! tout ce qui n’est pas toi
Vois-tu, ça ne compte pas pour moi
Et ma blessure est déjà guérie
Rien qu’à penser à toi !