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Création : Claudius (1898 à la Scala) - reprises : Dranem, Charlus
Paroles : Paul Briollet, Georges Arnould - Musique : Jules Lasaïgues, Lucien Delormel - Éditeur : Répertoire français Delormel et Cie, Paris
Au lieu d'être des hommes, si qu'on s'rait des fleurs
L'existence pour nous s'rait bien moins dure
Pas b'soin d'arroser la terre de nos sueurs
Y aurait qu'à laisser agir la nature
Du coup, plus d' méd'cin pas plus qu' d'accoucheur
Pour les r'productions, on aurait moins d' peines
Avec un peu d'eau, d' crottin et d' chaleur
Ça suffirait pour faire lever nos graines
Si qu'on s'rait fleur, ce s'rait l' vrai bonheur
Mettez qu' nous soyons des fleurs d'oranger
Des jeunes mariés on orn'rait la robe
On n'aurait qu'un jour à être fatigué
Le restant d' notre vie s' pass'rait sous un globe
Mettez qu'on soit rose, on sentirait bon
Et, dans les soirées, les dames du grand monde
Afin qu' les messieurs reniflent leurs nichons
Nous mettraient la tige entre leurs mapp'mondes
Si qu'on s'rait fleur, ce s'rait l' vrai bonheur
Mettez qu' nous soyons jacinthe ou lis'ron
On s'rait l'ami d' Jenny l'ouvrière
Elle nous plant'rait sur son p'tit balcon
Elle nous soign'rait comme la croix d' sa mère
Au premier bourgeon quand viendrait l'avril
Elle s' lèv'rait l' matin avec ses p'tites mains d'ange
Nous lav'rait l'oignon et les pieds, l' pistil
Pour voir si y a pas d' puc'ron qui nous mange
Si qu'on s'rait fleur, ce s'rait l' vrai bonheur
Mettez qu' nous soyons fleur d'appartement
L'hiver dans une serre on aurait l' bien-être
Quand viendrait l' soleil, on nous mettrait dans
Un pot au cinquième au bord de la f'nêtre
Et su' l' pas d' sa porte, quand, bien tranquill'ment
La pip'lette viendrait prendre l'air toute seule
On aurait des chances au premier coup d' vent
D' lui dégringoler en plein sur la gueule
Si qu'on s'rait fleur, ce s'rait l' vrai bonheur
Mettez qu' nous soyons des fleurs d' nénuphar
Quand on s' prépar'rait pour faire un voyage
Afin qu' notre femme nous fasse pas cornard
On s' mettrait en poudre dans l' fond d' son potage
Mettez qu' nous soyons en fleurs de pavot
On s'infus'rait dans l' café d' sa belle-mère
Une fois qu'elle aurait bu son jus d' chapeau
Elle s'endormirait pour la vie entière
Si qu'on s'rait fleur, ce s'rait l' vrai bonheur