La parole est au citoyen Bracke.
L'internationalisme n'est pas une conception qui viendrait par surcroît se joindre à la conception socialiste. Il en est un élément vital que le développement même du mode de production capitaliste alimente et renforce de plus en plus. Chaque jour, la classe ouvrière d'un pays se sent plus dépendante de modifications dans l'outillage, de conditions de travail nouvelles, de changements sociaux traduits en changements politiques qui s'établissent en dehors d'elle dans des contrées lointaines qu'elle ignorait presque et où elle ne peut rien directement. D'autre part, c'est constamment que les moyens de communication et de transport rapetissant le monde en parcours et l'élargissant en marché universel, le capital va se monopolisant internationalement par les trusts, les ententes d'entreprises industrielles ou commerciales, toute une progressive rationalisation, selon le mot à la mode, qui ne connaît pas de frontière aux profits. Comment le prolétariat mondial ne se défendrait-il pas en rationalisant lui aussi son action par une entente qui mette en commun ses intérêts et ses moyens de lutte ? De là l'Internationale Ouvrière Socialiste qui depuis l'année 1864 où elle naissait à la fois définie et animée par la parole immortelle de Karl Marx est inévitablement ressuscitée après les guerres de 1870-71 et de 1914-1918 qui l'avaient momentanément étouffée en apparence. Elle ne fait actuellement que grandir malgré la division introduite dans les rangs prolétariens par l'erreur bolcheviste. À son Congrès international de Bruxelles en 1928, 42 nations y fournissaient 6.476.735 adhérents et il est certain qu'au prochain Congrès en 1931 elle dépassera les 8.000.000 groupés dans toutes les parties du monde. Ce caractère international assure au socialisme une force d'attraction dépassant le prolétariat. Les catégories de citoyens qui souffrent moins immédiatement du joug capitaliste sentent plus aisément leur devoir et leur intérêt d'être avec la classe ouvrière quand ils voient de leurs yeux comme par leur raisonnement que tendant forcément non seulement à combattre mais à supprimer tous les germes de guerre, elle seule peut véritablement, par sa victoire, vouloir et réaliser la paix humaine.