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Titre :Une belle page de Guesde lue au micro par Compère-Morel
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Guesde, Jules
Interprète(s) :Compère-Morel, Adéodat
Genre :Discours de circonstance
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :25 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :ERSA La Voix des nôtres
Numéro de double-face :102
Numéro de catalogue :5003-AB
Inscriptions complémentaires :1930-05-03
Date de l'enregistrement :1930
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Garrard 401, SME 3012, pointe 2,0CT sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe US30, passe-bas 5kHz, Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :17-02-2017
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Socialisme
Texte du contenu :Une belle page de Guesde

Les derniers moments de Jules Guesde par Compère-Morel.


On vient de me téléphoner de la maison de santé de Saint-Mandé où se trouve Jules Guesde depuis longtemps malade. Notre ami est au plus mal. J’y pars immédiatement. Dès mon arrivée, on me conduit près de lui ; une chambre spacieuse à demi-éclairée et, dans un grand lit, très bas, un Guesde torturé par la maladie. La fièvre n'a pas encore empourpré son visage. Si sa barbe est devenue presque blanche, ses cheveux, encore abondants, ont à peine grisonné ; ce sont toujours les mêmes yeux clairs et perçants, le même masque énergique et tourmenté, la même parole tour à tour rauque et coupante, caressante et méprisante. Il manifeste, en me prenant les mains, sa joie de me revoir et en quelques mots rapides, il me dépeint les souffrances qui le tiennent là, cloué, sur son lit devenu, me dit-il, un véritable bûcher. Il a, en ce moment, pleinement conscience de son état : « Voyez- vous, mon ami, vous avez bien fait de venir, car je ne vous reverrai sans doute plus ; je vais vers la mort, je le sais, je le sens, elle ne m'effraye pas et si l’on me disait que demain je ne reverrais plus le soleil, je m’y préparerais. Mais je regrette de mourir si tard ! Oh ! cette guerre affreuse ! Si elle a rempli quelques poches, s’écrie Guesde, de cette voix sarcastique et mordante qui prenait les auditoires ouvriers aux entrailles, combien a-t-elle vidé de cerveaux ! » Néanmoins, il a de l’espoir, quand même. « Il faut que les prolétaires de Belgique, de France, d’Angleterre et d’Allemagne s’unissent, ajoute-t-il avec force, et, s’ils le veulent, ils dirigeront le monde vers le socialisme. C’est ça, voyez-vous, mon ami, c’est ça qu’il faut dire. » Et Guesde que cette manifestation ardente en demain venait de galvaniser pendant quelques minutes, retomba, épuisé par l’effort, sur son lit de douleur. Je lui serrai les mains avec force pour la dernière fois ! Maintenant, il n’est plus, la mort nous l’a enlevé, mais il reste en nous plus vivant que jamais et si, à un moment donné, sous les coups du destin, camarades, vous êtes sur le point d’hésiter dans l’action, de faiblir dans la lutte et de déserter la rude campagne que vous menez contre le vieux monde, souvenez-vous de la grande figure de celui dont toute l’existence fut sacrifiée à la propagande, vouée à l’organisation et consacrée à l’éducation des foules... Il est tout entier dans cette courte phrase qu’il prononça au moment où je m’éloignais de son chevet : « Combien vous devez être heureux de tant vous donner au Parti ! » Guesde n’oubliait qu’une chose ; c’est que cette joie supérieure que nous avons le bonheur de pouvoir goûter en luttant pour le triomphe de notre cause et qu’il [semblait de]mander encore au seuil de la tombe, c’est à lui, à lui seul que nous le devons. Comment notre reconnaissance ne [lui] serait-elle pas acquise ?



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