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Date du transfert :
17-02-2017
Commentaires :
Texte du contenu ci-joint. Socialisme. Pierre Renaudel, (1871-1935), homme politique français, un des dirigeants de la SFIO, puis une des figures du néo-socialisme avec Adrien Marquet et Marcel Déat durant l'Entre-deux-guerres. Il fut notamment un témoin direct de l'assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain.
Texte du contenu :
Socialisme et démocratie
Ce serait une erreur de croire que le socialisme, en adaptant ses méthodes aux faits et aux formes de la vie politique et économique moderne, ait en quelque mesure que ce soit affaibli la force de la revendication ouvrière ou perdu de vue le but de la transformation de propriété qui en est le fondement. Le socialisme sait qu'il faut atteindre les racines de l'iniquité sociale, c'est-à-dire le système dans lequel les forces du grand capitalisme, maîtresses des moyens de production, peuvent exploiter à leur profit les forces du travail humain. Mais la lutte des classes, dans les pays à démocratie évoluée, a pris davantage la forme d'une lutte progressive pour la possession du pouvoir dans l’État. Ainsi, suivant le mot de Jaurès, l’État cessant d'être pouvoir politique absolu inscrit et mesure le rapport des forces. Le suffrage universel, fondement des démocraties, a permis cette évolution. Ne suffirait-il pas que paysans rançonné par la spéculation, ouvriers exploités dans leur travail usent de lui pour que par la majorité conquise ils pussent donner force légale aux revendications essentielles d'où sortira le monde nouveau. Justement, le socialisme, en usant du suffrage universel, en conquérant des masses de plus en plus étendues, n'est plus seulement un parti de propagande mais un parti qui pénètre les pouvoirs politiques depuis la commune jusqu'aux sommets de l’État. Il peut ainsi traduire dans la réalité légale les aspirations de ses syndicats et coopératives dans lesquels s'accumule le pouvoir économique d'une production collective et d'une plus juste répartition des produits. Par cet usage de la démocratie, le prolétariat conquiert chaque jour des facultés de lutte renouvelées et agrandies. Chacune de ces conquêtes en appelle d'autres plus étendues et, loin d'y perdre de sa volonté, il acquiert le maniement et approfondit la connaissance de l'administration des choses de la gestion publique et collective. Le progrès du socialisme dans le monde peut se trouver contrarié ici ou là par la violence des possédants ou des régimes de réaction écrasant les libertés mais ce sont là des périodes relativement courtes au long du développement historique. Le ressort de la liberté ne peut être indéfiniment comprimé. Aussi bien, une autre grande force agit dans le sens du socialisme. Si la guerre de 1914 n'a pu être évitée, si même elle a laissé après elle ces violences de réactions furieuses dont l'Europe est encore sur trop de points le théâtre, il y a pourtant comme une espèce de dégoût sanglant pour pousser les hommes vers l'organisation de la paix. La Société des Nations est dès maintenant le germe que le socialisme fera fructifier à mesure qu'il pénétrera lui-même les États et que sa force s'y inscrira en une souveraineté plus grande. Voilà pourquoi le socialisme peut regarder l'avenir avec tranquillité. C'est lui qui, suivant la formule de Jean Jaurès, élargira la démocratie politique en démocratie sociale. C'est lui qui, sans oublier la protection qu'un grand parti aspirant à gouverner doit donner à son pays, accentuera le rythme de l'organisation de la paix jusqu'au désarmement général et à la solidarité des peuples.