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Il y a quelques vingt ans, on parlait du socialisme dans les milieux conservateurs avec infiniment de dédain. À de rares exceptions, les partis qui s'en réclamaient étaient numériquement faibles et leur influence politique s'exerçait dans des limites étroites. Que de changements aujourd'hui et que de chemin parcouru ! Dans tous les pays, le capitalisme aux abois attaque nos doctrines avec un incroyable déchaînement de fureur et de passion. La presse à sa solde nous abreuve d'outrages et de calomnies. Les murs des grandes cités et des plus petites bourgades se couvrent d'affiches multicolores destinées, par les plus grossiers procédés de mensonge et de démagogie misérable, à dresser contre nous les colères d'une opinion égarée. D'autres fois, les mêmes éléments et les mêmes groupes essayent de nous entraîner dans le sillage de leurs formations gouvernementales. Dans le premier cas on cherche à nous briser par la force, dans le second à nous vaincre par la séduction. Le socialisme français a résisté victorieusement à l'assaut intermittent de la brutalité et de la ruse. Il est et entend rester le parti qui appelle et conduit au combat les masses prolétariennes qui n'ont à attendre du régime actuel qu'une servitude accrue et une misère plus grande. Comment et pourquoi changerait-il sa tactique et ses conceptions au moment précis où une crise économique sans précédent s'est abattue sur le monde ? Chômage industriel d'abord : Trente millions de sans travail c'est-à-dire quatre-vingt millions d'êtres humains privés du nécessaire et condamnés aux pires privations. Crise agricole généralisée ensuite s'y ajoutant et qui aux dires de tous les experts est profonde et sera durable. La crise mondiale est née de la surproduction industrielle et agricole et des spéculations bancaires, traduisez : du jeu normal et de l'évolution du capitalisme. Les marchés sont partout engorgés, des montagnes de produits s'accumulent et les producteurs en sont réduits aux caisses de chômage et aux bureaux de bienfaisance. En face de ces problèmes tragiques, le capitalisme, tel un vaisseau à gouvernail brisé, incapable de fixer une direction, s'en va à la dérive. Les Américains proposent de détruire les autos, de brûler les plantations de coton, d'anéantir des stocks de blé. Oui, les partis de l'ordre en sont à envisager ces solutions à la fois imbéciles et criminelles. Écoutez bien ceci : On détruira des autos et les ouvriers qui les ont fabriquées ne pourront pas prendre un ticket d'autobus, on brûlera des millions de balles de coton et les producteurs n'auront pas une chemise à se mettre sur le dos, on jettera le blé à la mer et les hommes des semailles et des moissons n'auront plus de pain sur leur table. Les solutions socialistes ne doivent plus être différées. Pour qu'il y ait équilibre entre la production et la consommation, il faut cesser de produire pour les profits d'une classe et calquer la production sur les besoins collectifs et personnels des individus. Cela implique la marche vers le pouvoir et la conquête du pouvoir par le socialisme organisé, non pour renflouer ou restaurer le régime capitaliste mais pour l'exproprier et mettre en valeur socialement l'ensemble des richesses. Telle est la raison d'être, tel est le but de notre parti. La civilisation humaine menace de sombrer dans un effroyable chaos. Répétons sans nous lasser que [...]tique socialiste seule explique et éclaire ce chaos comme la solution socialiste seule trace au monde moderne la route de son salut.