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Titre :Les soliloques du pauvre ; crève-coeur
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Rictus, Jehan
Interprète(s) :Clarens, Jean [Jean-Jacques Denis Paul Télémaque Valant]
Genre :Diction : théâtre
Fichier audio :
Photo(s) :
PhotoPhoto
Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :VEG-∆
Numéro de catalogue :BJ4
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++, fêlé
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Garrard 401, SME 3012, pointe 2,5ET sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe FFRR, Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :08-03-2017
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Socialisme, misère sociale
Texte du contenu :Les soliloques du pauvre ; crève coeur

Le poème complet : [/variantes des enregistrements]


Eun’ fois j’ai cru que j’ me mariais
Par un matin d’amour et d’ Mai :

Il l’tait menuit quand j’rêvais ça,
Il l’tait menuit et j’pionçais d’bout
Pour m’gourer d’la lance et d’la boue
Dans l’encognur’ d’eun’ port’ cochère.

(Hein quel’ santé !) — Voui, j’me mariais [/Va]
Par un matin d’amour et d’Mai
N’avec eun’jeuness’ qui m’aimait
Qu’était pour moi tout seul ! ma chère !

Et ça s’brassait à la campagne,
Loin des fortifs et loin d’ici,
Dans la salade et dans l’persil,
Chez un bistrot qui f’sait ses magnes.

Gn’y avait eun’ tablé' qu’était grande
Et su’ la nappe en damassé,
Du pain, du vin, des fleurs, d’la viande !
Bref, un gueul’ton à tout casser,

Et autour, des parents ! d’la soce !
Des grouins d’muffs ou d’bons copains
Baba d’me voir tourné rupin
Contents tout d’mêm’ d’êt’ à ma noce :

Ma colombe, selon l’usage,
Se les roulait dans d'la blancheur,
Et ses quinz’ berg’s et sa fraîcheur
F’saient rich’ment bien dans l’paysage.

Je r’vois ses airs de tourterelle,
Ses joues pus bell’s que d’la Montreuil
Et ses magnèr’s de m’fair’ de l’œil
Comme eun’ personne naturelle.

Ses mirett’s bleues comme un beau jour.
Sa p’tit’ gueule en cœur framboisé
Et ses nichons gonflés d’amour
Qu’étaient pas près d’êt’ épuisés.

Et moi qu’j'ai 1 air d’un vieux corbeau,
V’là qu’ j’étais comme un d’la noblesse :
Fringué à neuf, pétant d’jeunesse,
Ça peut pas s’dir’ comm’ j’étais beau !

Je r’vois l’décor... la tab’ servie
Ma femm’ ! la verdure et l’ciel bleu,
Un rêv' comm’ ça, vrai, nom de Dieu !
Ça d’vrait ben durer tout’ la vie.

Car j’étais tell’ment convaincu [/Or]
Que c’que j’raconte était vécu
Que j’me rapp’lais pus, l’diab’ m'emporte,
Que je l’vivais sous eun’ grand porte ;

Et j’me rapp'lais pas davantage
Au cours de c’te fête azurée,
D’avoir avant mon «mariage »
Toujours moisi dans la purée.

Les vieux carcans qui jamais s’plaint
Doiv’nt comm’ ça n’avoir des rêv’ries
Ousqu’y caval’nt dans des prairies
Comme au temps qu’y z’étaient poulains.

V’nait l’soir, lampions, festin nouveau,
Pis, soûlé d’un bonheur immense,
Chacun y allait d’sa romance,
On gueulait comm’ des p’tits z’oiseaux

Enfin s’am’nait l’heur’ la plus tendre
Après l’enlèv’ment en carriole,
La minute ousque l’pus mariolle,
Doit pas toujours savoir s’y prendre !

Dans eun’ carré' sourde et fleurie,
Dans l’silence et la tapiss’rie,
Près d’un beau plumard à dentelles [/chouett']
Engageant à la... bagatelle !

J' prenais « ma femme ! » et j' la serrais
Pour l'Enfin Seuls obligatoire
Comm' dans l'chromo excitatoire
Où deux poireaux se guign'nt de près...

Près... ah! si près d'ma p'tit' borgeoise
Qu'y m'semb' que j'flaire encor l'odeur
De giroflée et de framboise [/ou]
Qu'étaient les bouffées d'sa pudeur.

J'y jasais : « Bonsoir, ma pensée, [/Ma perle]
Mon lilas tremblant, mon lilas !
Ma petite moman rosée
Te voilà enfin ! Te voilà !

Comme j'vas t'aimer tous les jours !
T'es fraîch'... t'es mignonn'... t'es jolie,
T'as des joues comm' des pomm's d'api,
Et des tétons en pomm's d'amour.

Quand j'étais seul, quand j'étais nu,
Crevant, crevé, sans feu ni lieu,
Loufoque, à crans, tafeur, pouilleux [/Quasi à poil, craintif]
Où étais-tu ? Que f'sais-tu ?

Ah ! que d'chagrins, que d'jours mauvais
Sans carl', sans bécots, sans asile
Que d'goujats cruels, d'imbéciles,
Si tu savais, si tu savais...

Mais à présent, tout ça est loin...
Voici mon cœur qui chante et pleure,
Viens t'en vite au dodo, ma fleur !...
Vrai, c'est pas trop tôt que j'aye un coin

- Ohé ! l'poivrot là, l'sans probloque ?
Vous feriez pas mieux d'cravailler
Au lieu d'êt' là à roupiller ? [/bafouiller]
Foutez-moi l'camp ou gar' le bloc !...

Non, tout' ma vi' j'me rappell'rai
La gueul' de cochon malhonnête
Qui s'permettait d'm'interpeller
Pass' que j'y bouchais sa sonnette

Alorss comm' j' le r'luquais d'travers
Il a sorti trois revolvers,
Deux canifs et son trousseau d'clefs
Et y s'a foutu à gueuler : [/beugler]

- Au s'cours, à moi ! à l'aid' ! Moman !
On m'ratiboise ! on m'saigne, on m'viole.
Gn'y a pas de pet qu'y viennent les z'agents,
Pus souvent qu'on verrait leur fiole !...

Et moi, qu'j'allais p'têt' arr'sauter
Et créer un beau fait divers
Mal réveillé d'mon song' d'été
J'me suis ensauvé dans l'hiver.



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