La parole est au camarade Renaud Jean, député paysan du Parti communiste.
Camarades, vous êtes la proie d'une crise plus grave que toutes celles que les paysans de France connurent dans le passé. Parlement et gouvernement ont vainement tenté de guérir le mal : Augmentation des tarifs douaniers, contingentement, loi spéciale, leur politique a abouti à un échec à peu près complet. La misère s'étend dans les campagnes. Le petit propriétaire, le fermier, le métayer est à bout de force. Ses économies ont disparu. Bien souvent il s'endette. Parfois la menace de saisie pèse sur lui. L'ouvrier agricole chôme et il n'y a pas au village de caisse de chômage. Qu'allez-vous faire ? Les soutiens du régime vous prêchent la résignation. À les entendre, la crise et ses conséquences échappent au pouvoir des hommes. Il ne vous resterait qu'à trouver la paix. En attendant que la situation se rétablisse d'elle-même par la ruine définitive et la disparition de milliers de familles paysannes. Le Parti communiste se dresse contre ces conceptions de pessimisme, de défaitisme, de lâcheté. Il n'est pas vrai que nous soyons impuissants contre la crise et contre ses conséquences. Le salut est à la portée de notre main. Le Parti communiste veut la revalorisation des produits du sol. Pour l'obtenir, il vous soumet un programme clair : faire payer les riches pour augmenter la capacité de consommation des masses travailleuses, défense du prix du blé et des autres récoltes par des mesures adaptées à chaque cas particulier, Office des céréales, protection des produits du travail national, blocage, échelonnement des ventes, et, si nécessaire, limitation de la production pour les grandes exploitations. Le Parti communiste veut aussi que la politique nationale aille à votre secours par des allocations de crise et de chômage, par des crédits, l'aménagement des dettes, la suspension des saisies et des ventes. Le Parti communiste veut enfin réduire les charges qui vous accablent : Impôts, fermages, portions de récolte livrées par le métayer à son propriétaire. Ces mesures sont immédiatement réalisables. Votre action les imposera. Votre salut dépend de votre action de masse c'est-à-dire de votre union. Il faut en finir avec ces mesquines querelles politiques ou religieuses qui désolent nos villages. Vous ne devez plus considérer... classer vos voisins d'après ce qu'ils pensent mais d'après ce qu'ils sont. Même s'il ne pense pas comme vous, même s'il va à la messe alors que vous n'y allez pas, même s'il appartient à une autre syndicat que le vôtre, même s'il est isolé, un peu désorganisé, le métayer, le fermier, le petit propriétaire est votre frère. Il est comme vous frappé par la crise dans ses moyens de vivre. Comme vous il est menacé par la guerre dans sa vie ou dans celle de son fils. Vous êtes rivés à la même chaîne. Il ne fera rien sans vous. Vous ne ferez rien sans lui. Paysans de France, le Parti communiste vous appelle à l'union, à l'unité.