Paroles : Félix Mortreuil - Musique : Émile Spencer - Éditeur : E. Joullot - Paris (1906)
Avant de fermer la paupière
Pour toujours, mon bon vieux grand-père
Un matin me dit : J’ai cent ans
Je le sens, j’ai fini mon temps
Mais je m’en vais l’âme contente
Car j’ai vu des choses étonnantes :
La vapeur, l’électricité
Ont enrichi l’humanité
{Refrain :}
Les autos, les trains, les vélos
Ont chassé nos pauvres chevaux
Qu’elle est loin, la diligence
Qui ravissait mon enfance
Les ballons, les Santos-Dumont
Franchissent les mers et les monts
Art nouveau de l’intelligence
Je vous salue, gloire de la jeune France
Sans vouloir leur faire de réclame
De mon temps, mon ami, les femmes
Avaient un beau tempérament
Elles nous aimaient énormément !
L’amant qui berçait leur ivresse
Était dans le bonheur sans cesse
Et quand on voulait de l’amour
Ah ! ah ! fallait un peu d’argent autour !
{Refrain :}
Je lui dis : Mon cher grand-papa
Il n’est rien d' changé à cela
Aujourd’hui quand on veut plaire
Il faut d’abord qu' l’on éclaire !
Vous casquiez jadis en votre temps
Nous, jeunes gens, nous en f’sons autant
On vous trompait, mais c’est de même
Les femmes, les femmes, c’est pour ça qu’on les aime
De ce siècle des plus baroques
Tout se transforme et se disloque
La bonne religion s'en va
L’État désire le concordat
Notre empereur, voyez la chose
Lui qui fut un esprit grandiose
Il dirait : C'est c' qu' veut la nation
Eh ben, f'sons la séparation
{Refrain :}
Adieu donc, monsieur le curé
Car l’État n' veut plus vous payer
Pour le costume profane
Jetez bas votre soutane
Mariez-vous comme tous les braves gens
Au pays donnez d' beaux enfants
Car le doux bonheur d'être père
Sacrebleu ! ça vaut bien une prière !