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Titre :Les affaires sont les affaires ; tirade du 3e acte : Que représente-t-il le Duc, voulez-vous me le dire ?
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Mirbeau, Octave
Interprète(s) :de Féraudy, Maurice
Genre :Diction : théâtre
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :17 cm saphir sans étiquette, (enregistrement acoustique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :Pathé
Numéro de catalogue :2846
Numéro de matrice :34202-M
Date de l'enregistrement :1905-1906
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc+
Vitesse (tours/minute) :90,5
Matériel employé au transfert :Stanton 150, SME-Clément, pointe 4,2ET sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe flat : Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :11-01-2018
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Religion catholique, Église, argent, richesse, noblesse,mercantilisme, capitalisme
Texte du contenu :Les affaires sont les affaires

Octave Mirbeau

Tirade d'Isidore, 3e acte, scène 2


Et que représente-t-il, le duc, voulez-vous me le dire ? Du passé ! c’est-à-dire de la poussière, de la matière inerte, du poids mort. Mais l’Église ? l’Église en a assez de toujours traîner à sa remorque une noblesse découronnée de ses vieux prestiges qui n’est mêlée à rien de ce qui vit et de ce qui crée, une noblesse qui s’est laissé stupidement dépouiller de ses terres, de ses châteaux, de ses influences, de son action et qui, au lieu de servir l’Église, la dessert chaque jour davantage par son impopularité et sa faiblesse ! Ah ! mais c'est que c'est comme ça, monsieur le marquis ! L’Église est dans le mouvement moderne, elle. Loin d’y résister, elle le dirige et elle le draine à travers le monde. Elle a une puissance d’expansion, d’adaptation et de transformation qui est admirable, elle a une puissance de domination qui est justifiée parce qu’elle travaille sans relâche, qu’elle remue l'argent, les hommes, les idées, les terres vierges ! Elle est tout aujourd'hui, elle fait de tout, elle est partout. Elle n’a pas que des autels, des sources miraculeuses et des confessionnaux, elle a aussi des boutiques qui regorgent de marchandises, des banques pleines d’or, des asiles, des comptoirs, des journaux et des gouvernements dont elle a su faire jusqu’ici ses agents dociles et ses courtiers humiliés. Eh bien, vous voyez que je lui rends justice !
Et il n'y a qu'une chose par quoi un peuple, comme une institution, comme un individu, est grand, c'est l'argent ! Oui, oui, oh mais, ça c'est entendu, pour vous nous sommes des bandits, des forbans, d’affreux pirates. C’est possible et c'est même vrai au fond. Mais, dites donc, des bandits qui ont fait quelque chose, des forbans qui apportent tous les jours leur contribution au progrès c’est-à-dire au bonheur de l’humanité, de sales canailles qui remplissent leurs coffres, c’est possible ! mais qui créent de la vie partout, du mouvement partout, de la richesse partout ! Et puisque vous invoquez les traditions, eh bien, autrefois, du temps de votre puissance, quand vous dépouilliez le peuple au point de l’affamer et que vous ne lui laissiez pour nourriture que l’ordure des ruisseaux dans les villes et, dans la campagne la petite motte de terre où il posait le pied, qu’est-ce que vous lui donniez en échange ? des coups de bâton ! monsieur le marquis. Eh bien, moi, je lui donne des routes, des chemins de fer, de l'électricité, du travail et des produits à bon marché. Ça a moins d’allure que les coups de bâton mais c'est assez chic, allons, avouez-le tout de même, pour des forbans !



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