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Paroles : Raoul Ponchon
Or, un jour, un pauvre hère
L'air fier et les yeux hardis
Alla frapper chez saint Pierre
À l'huis d'or du Paradis
- Que veux-tu ? lui dit l'apôtre
- Eh bien, mais... entrer ici
- Ni plus ni moins, répond l'autre
Voire, en es-tu digne aussi ?
Chez nous il ne faut pas croire
Qu'on entre comme au moulin
As-tu fait ton purgatoire
Seulement, dis, gros malin ?
- Hélas ! non, fit le bonhomme.
Mais quoi ! je fus marié
- Oh ! bien, alors c'est tout comme...
Entre, tu me fais pitié !
Presque à la minute
Arrive un second client
Une manière de brute
Larmoyant et suppliant
La question péremptoire
Lui est posée aussitôt :
- As-tu fait ton purgatoire ?
- Non. — Eh bien ! donc, à tantôt...
- Je ne l'ai point fait, sans doute
Mais celui qui vient d'entrer
Ne l'a pas fait, somme toute
Plus que moi, j'en puis jurer.
Il était de mon village
En le terrestre séjour
Et nous pliâmes bagage
Tous les deux, le même jour
- C'est possible, dit saint Pierre
Il a quand même expié
Car il m'a dit, le compère
Avoir été marié
Et pour moi, le mariage
C'est même tabac, vois-tu
Il y faut certain courage
Et quelque peu de vertu !
- Parbleu, qu'à cela ne tienne
J'en ai plus que tu ne crois...
Quelle vertu fut la mienne
M'étant marié deux fois !
- Que le diable alors t'emporte !
Sache que le Paradis
N'est pas pour ceux de ta sorte
On n'y prend pas d'abrutis