Recherche tout champRecherche avancéeNouvelle recherche Page d'accueil  

Tout champ :
   

 

Titre :Conférence de presse donnée le 24 avril 1944 par le général de Gaulle
Interprète(s) :Anonyme(s) ou interprète(s) non identifié(s)
Genre :Communiqué radiodiffusé
Fichier audio :
Photo(s) :
PhotoPhoto
PhotoPhoto
Support d'enregistrement :Cylindre
Format :Dictaphone
Lieu d'enregistrement :Maroc
Marque de fabrique, label :Dictaphone
Date de l'enregistrement :1944-04-24
État :Exc
Vitesse (tours/minute) :100
Matériel employé au transfert :Archéophone, pointe 4 minutes sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe flat, passe-bas 6kHz
Date du transfert :11-10-2018
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Collection Franklin Picard. Compte-rendu d'un discours relu et présenté par deux journalistes
Texte du contenu :Conférence de presse donnée le 24 avril 1944 par le général de Gaulle

Le gouvernement français a vivement apprécié le discours constructif du secrétaire d’État. Il est important que les États-Unis considèrent qu'ils ne peuvent plus être absents d'une Organisation mondiale de la paix. La Charte de l'Atlantique n'est en effet qu'une directive et non pas un code par elle-même. L'Organisation qui comporte un tribunal, un bras séculier, une force armée est à faire. La coopération des quatre grandes puissances, et aussi des autres puissances dont la France, est indispensable. Il y a en Europe cinq cents millions d'hommes qui ne sont pas sujets des quatre grands États, ce qui implique que le rôle normal de la France ne peut pas être négligé dans une organisation mondiale de l'avenir. En ce qui concerne le lien entre les déclarations du secrétaire d’État et l'ordonnance du Comité français de libération nationale du 14 mars, il ne m'apparaît pas d'une façon nette. En effet, s'il y a lieu de se féliciter de l'affirmation d'une coopération nécessaire entre les armées alliées sur le sol français et l'organisation administrative française, coopération pour laquelle le comité a fait dès octobre dernier des propositions concrètes aux nations alliées, un principe sera en tout cas maintenu, le maintien intégral de la souveraineté française sur le sol national.

Un journaliste demande si le projet d'Organisation de la paix dont il vient d'être question s'inspire des idées françaises autrefois exprimées par Léon Bourgeois et Aristide Briand en vue de doter la Société des Nations d'une force armée. Le général répond : Je vois avec plaisir l'idée française faire son chemin malgré l'évolution considérable des moyens militaires qui s'est accomplie depuis les projets en question.

Un journaliste demande quelle est la position de la France vis-à-vis des affaires italiennes. Le général de Gaulle répond : La France est représentée à la Commission consultative des affaires italiennes et une dépêche récente d'un collaborateur de France-Afrique a fort bien résumé le point de vue français : la France est la première intéressée aux questions italiennes par son voisinage, les liens de la consanguinité et de l'Histoire. Le malheur est intervenu avec l'avènement du fascisme. C'est seulement avec une Italie nouvelle que la reprise des relations est possible. En attendant, nous faisons la guerre en territoire italien.

Interrogé sur la question des rapports avec le gouvernement Badoglio, le général répond : Le Comité français de libération nationale n'a entretenu aucune relation avec le gouvernement Badoglio d'hier.

Un journaliste demande à quel groupement occidental des nations le général faisait allusion dans son discours du 18 mars. Le général répond : Il serait désirable pour l'avenir de cette Europe opprimée, insultée, qu'au moins au point de vue économique il se constituât un bloc qui aurait pour artères la Manche, la Méditerranée et le Rhin. Nous sommes à l'époque de la concentration.

Un journaliste demande si dans l'ordonnance nouvelle sur l'organisation des pouvoirs publics une des suggestions de l'Assemblée relative au vote des militaires a été retenue. Le général répond : Le Gouvernement n'a pas jugé opportun d'inclure cette suggestion dans l'ordonnance actuelle et a réservé la question pour les élections à l'Assemblée constituante. Par contre, dès maintenant le vote des femmes qui avait fait l'objet de nombreux votes favorables au Parlement avant-guerre, ce qui n'était pas le cas pour la question des militaires, a été introduit dans les dispositions de l'ordonnance. Ainsi, la désignation des délégués à l'Assemblée législative aura lieu dans chaque département au suffrage véritablement universel.

Un journaliste demande si l'administration en France dépendra uniquement du Comité français de la libération nationale. Le général répond : Je précise une fois de plus que l'établissement de l'administration en France ne peut dépendre que de la France. La seule question qui puisse se poser est celle d'une collaboration entre l'administration française et l'autorité militaire interalliée.

Un journaliste demande si l'entrevue de monsieur Viénot avec monsieur Churchill et Eden a apporté quelque chose de nouveau. Le général de Gaulle répond : Je ne connais cette entrevue que par les journaux.

Un journaliste demande au général de faire une déclaration sur les accusations de dictature qui ont été portées contre lui à l'étranger. Le général répond : C'est une vieille histoire. On m'a accusé successivement d'être l'homme des Américains, des Anglais, de Staline, de la réaction et du communisme. Ce qui est sûr, c'est que les Français n'accepteront aucune dictature ni française ni encore moins de l'étranger. Par contre, ils désirent que le gouvernement gouverne et c'est ce qu'il s'efforce de faire.

Un journaliste demande si l'intensification des bombardements sur la France et l'exploitation qui en est faite par Vichy ne conforte pas une déclaration particulière. Le général répond : C'est une épine très douloureuse pour nous mais toutes les fois que l'action de destruction militaire sur le sol français se révèle utile, les Français l'acceptent et même s'en félicitent. Nous avons à faire la guerre !

Un journaliste demande si l'on peut envisager une participation de la France aux opération du Pacifique. - La concentration actuelle de notre effort est faite sur l'Europe mais nous l'acceptons à cause de l'Indochine et de nos possessions, de notre situation de grande puissance en Extrême-Orient. Aucune revendication [...]

Un journaliste interroge le général sur une rencontre éventuelle de sa part avec messieurs Churchill et Roosevelt. Le général de Gaulle répond : Mon calendrier ne comporte pour l'avenir prochain qu'un voyage en Tunisie.

Un journaliste interroge le général sur de prétendues divergences entre le Comité et l'Assemblée. Le général répond : De véritable divergence, il n'en est pas mais nous sommes en démocratie. L'expression de toutes les opinions est libre. Des divergences n'ont porté en réalité et rarement que sur l'interprétation de certains textes.

Un journaliste interroge le général sur la position d'une alliance avec l'Union Soviétique. Le général répond : Nous sommes alliés, nous avons la même cause et l'escadre Normandie se bat sur le même terrain. Sans doute le Royaume-Uni a-t-il contracté une alliance formelle de vingt ans. Quant à nous, nous sommes alliés naturellement même sans traité formel.

Un journaliste demande où en est actuellement l'armement de la résistance en France. Le général de Gaulle répond : Les efforts de nos alliés britanniques pour l'armement de la résistance ont été ces derniers temps fort grands et couronnés de succès. L'intervention de l'Assemblée consultative dans ce domaine a certainement contribué à ce résultat.

Sans être interrogé, le général de Gaulle aborde de lui-même la question du départ du général Giraud : Si la divergence à laquelle on a pu croire ne vient que d'un seul fait, l'impossibilité de maintenir dans la situation actuelle du commandement interallié un commandement en chef français effectif, alors [...] prérogatives essentielles en matière d'organisation de l'armée. Le général Giraud n'a pas cru devoir accepter la situation qui lui était offerte et a désiré se rendre disponible. Le Gouvernement s'est incliné avec regret mais il considère que la carrière militaire du général Giraud est totalement à l'honneur de l'armée. S'il s'agit de son évasion, de sa volonté obstinée de combattre l'ennemi en Tunisie et en Corse, rien ne saurait être oublié. Il est certain que lorsque nos troupes victorieuses en partie grâce à lui entreront à Metz, le général Giraud se trouvera à leur tête.

La dernière question posée par un journaliste porte sur le rôle de l'armée française à la libération de la France. Le général de Gaulle répond : Nous en parlerons quand ce sera fai et ce sera bien fait. Je n'ai rien de plus à dire.

Vous avez entendu un compte-rendu de la conférence de presse donnée cet après-midi par le général de Gaulle, président du Comité français de la libération nationale. Nous vous donnons maintenant lecture d'une déclaration de la Confédération Générale du Travail en territoire libéré sur le 1er mai 1943.Le gouvernement français a vivement apprécié le discours constructif du secrétaire d’État. Il est important que les États-Unis considèrent qu'ils ne peuvent plus être absents d'une Organisation mondiale de la paix. La Charte de l'Atlantique n'est en effet qu'une directive et non pas un code par elle-même. L'Organisation qui comporte un tribunal, un bras séculier, une force armée est à faire. La coopération des quatre grandes puissances, et aussi des autres puissances dont la France, est indispensable. Il y a en Europe cinq cents millions d'hommes qui ne sont pas sujets des quatre grands États, ce qui implique que le rôle normal de la France ne peut pas être négligé dans une organisation mondiale de l'avenir. En ce qui concerne le lien entre les déclarations du secrétaire d’État et l'ordonnance du Comité français de libération nationale du 14 mars, il ne m'apparaît pas d'une façon nette. En effet, s'il y a lieu de se féliciter de l'affirmation d'une coopération nécessaire entre les armées alliées sur le sol français et l'organisation administrative française, coopération pour laquelle le comité a fait dès octobre dernier des propositions concrètes aux nations alliées, un principe sera en tout cas maintenu, le maintien intégral de la souveraineté française sur le sol national.

Un journaliste demande si le projet d'Organisation de la paix dont il vient d'être question s'inspire des idées françaises autrefois exprimées par Léon Bourgeois et Aristide Briand en vue de doter la Société des Nations d'une force armée. Le général répond : Je vois avec plaisir l'idée française faire son chemin malgré l'évolution considérable des moyens militaires qui s'est accomplie depuis les projets en question.

Un journaliste demande quelle est la position de la France vis-à-vis des affaires italiennes. Le général de Gaulle répond : La France est représentée à la Commission consultative des affaires italiennes et une dépêche récente d'un collaborateur de France-Afrique a fort bien résumé le point de vue français : la France est la première intéressée aux questions italiennes par son voisinage, les liens de la consanguinité et de l'Histoire. Le malheur est intervenu avec l'avènement du fascisme. C'est seulement avec une Italie nouvelle que la reprise des relations est possible. En attendant, nous faisons la guerre en territoire italien.

Interrogé sur la question des rapports avec le gouvernement Badoglio, le général répond : Le Comité français de libération nationale n'a entretenu aucune relation avec le gouvernement Badoglio d'hier.

Un journaliste demande à quel groupement occidental des nations le général faisait allusion dans son discours du 18 mars. Le général répond : Il serait désirable pour l'avenir de cette Europe opprimée, insultée, qu'au moins au point de vue économique il se constituât un bloc qui aurait pour artères la Manche, la Méditerranée et le Rhin. Nous sommes à l'époque de la concentration.

Un journaliste demande si dans l'ordonnance nouvelle sur l'organisation des pouvoirs publics une des suggestions de l'Assemblée relative au vote des militaires a été retenue. Le général répond : Le Gouvernement n'a pas jugé opportun d'inclure cette suggestion dans l'ordonnance actuelle et a réservé la question pour les élections à l'Assemblée constituante. Par contre, dès maintenant le vote des femmes qui avait fait l'objet de nombreux votes favorables au Parlement avant-guerre, ce qui n'était pas le cas pour la question des militaires, a été introduit dans les dispositions de l'ordonnance. Ainsi, la désignation des délégués à l'Assemblée législative aura lieu dans chaque département au suffrage véritablement universel.

Un journaliste demande si l'administration en France dépendra uniquement du Comité français de la libération nationale. Le général répond : Je précise une fois de plus que l'établissement de l'administration en France ne peut dépendre que de la France. La seule question qui puisse se poser est celle d'une collaboration entre l'administration française et l'autorité militaire interalliée.

Un journaliste demande si l'entrevue de monsieur Viénot avec monsieur Churchill et Eden a apporté quelque chose de nouveau. Le général de Gaulle répond : Je ne connais cette entrevue que par les journaux.

Un journaliste demande au général de faire une déclaration sur les accusations de dictature qui ont été portées contre lui à l'étranger. Le général répond : C'est une vieille histoire. On m'a accusé successivement d'être l'homme des Américains, des Anglais, de Staline, de la réaction et du communisme. Ce qui est sûr, c'est que les Français n'accepteront aucune dictature ni française ni encore moins de l'étranger. Par contre, ils désirent que le gouvernement gouverne et c'est ce qu'il s'efforce de faire.

Un journaliste demande si l'intensification des bombardements sur la France et l'exploitation qui en est faite par Vichy ne conforte pas une déclaration particulière. Le général répond : C'est une épine très douloureuse pour nous mais toutes les fois que l'action de destruction militaire sur le sol français se révèle utile, les Français l'acceptent et même s'en félicitent. Nous avons à faire la guerre !

Un journaliste demande si l'on peut envisager une participation de la France aux opération du Pacifique. - La concentration actuelle de notre effort est faite sur l'Europe mais nous l'acceptons à cause de l'Indochine et de nos possessions, de notre situation de grande puissance en Extrême-Orient. Aucune revendication [...]

Un journaliste interroge le général sur une rencontre éventuelle de sa part avec messieurs Churchill et Roosevelt. Le général de Gaulle répond : Mon calendrier ne comporte pour l'avenir prochain qu'un voyage en Tunisie.

Un journaliste interroge le général sur de prétendues divergences entre le Comité et l'Assemblée. Le général répond : De véritable divergence, il n'en est pas mais nous sommes en démocratie. L'expression de toutes les opinions est libre. Des divergences n'ont porté en réalité et rarement que sur l'interprétation de certains textes.

Un journaliste interroge le général sur la position d'une alliance avec l'Union Soviétique. Le général répond : Nous sommes alliés, nous avons la même cause et l'escadre Normandie se bat sur le même terrain. Sans doute le Royaume-Uni a-t-il contracté une alliance formelle de vingt ans. Quant à nous, nous sommes alliés naturellement même sans traité formel.

Un journaliste demande où en est actuellement l'armement de la résistance en France. Le général de Gaulle répond : Les efforts de nos alliés britanniques pour l'armement de la résistance ont été ces derniers temps fort grands et couronnés de succès. L'intervention de l'Assemblée consultative dans ce domaine a certainement contribué à ce résultat.

Sans être interrogé, le général de Gaulle aborde de lui-même la question du départ du général Giraud : Si la divergence à laquelle on a pu croire ne vient que d'un seul fait, l'impossibilité de maintenir dans la situation actuelle du commandement interallié un commandement en chef français effectif, alors [...] prérogatives essentielles en matière d'organisation de l'armée. Le général Giraud n'a pas cru devoir accepter la situation qui lui était offerte et a désiré se rendre disponible. Le Gouvernement s'est incliné avec regret mais il considère que la carrière militaire du général Giraud est totalement à l'honneur de l'armée. S'il s'agit de son évasion, de sa volonté obstinée de combattre l'ennemi en Tunisie et en Corse, rien ne saurait être oublié. Il est certain que lorsque nos troupes victorieuses en partie grâce à lui entreront à Metz, le général Giraud se trouvera à leur tête.

La dernière question posée par un journaliste porte sur le rôle de l'armée française à la libération de la France. Le général de Gaulle répond : Nous en parlerons quand ce sera fai et ce sera bien fait. Je n'ai rien de plus à dire.

Vous avez entendu un compte-rendu de la conférence de presse donnée cet après-midi par le général de Gaulle, président du Comité français de la libération nationale. Nous vous donnons maintenant lecture d'une déclaration de la Confédération Générale du Travail en territoire libéré sur le 1er mai 1943.


Permalien : http://www.old.phonobase.org/11948.html

  Recherche tout champRecherche avancéeNouvelle recherche Page d'accueil