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Titre : | Compte-rendu d'un discours du général de Gaulle | |||
Interprète(s) : | Anonyme(s) ou interprète(s) non identifié(s) | |||
Genre : | Communiqué radiodiffusé | |||
Fichier audio : | ||||
Photo(s) : | ||||
Support d'enregistrement : | Cylindre | |||
Format : | Dictaphone | |||
Marque de fabrique, label : | Dictaphone | |||
Date de l'enregistrement : | 1944-07-08 | |||
État : | nasille | |||
Vitesse (tours/minute) : | 83 | |||
Matériel employé au transfert : | Archéophone, pointe 4 minutes sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe flat, passe-bas 6kHz | |||
Date du transfert : | 11-10-2018 | |||
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. Collection Franklin Picard. | |||
Texte du contenu : | Compte-rendu d'un discours du général de Gaulle
Discours prononcé ce matin à l'Assemblée Consultative par le général de Gaulle : Messieurs, Après des années d’indicibles épreuves, personne au monde ne doute plus, aujourd’hui, que nous marchions à grands pas vers la victoire. Le cours qu'ont pris les événements est tel que, pour la France, comme pour les autres nations de l’Europe submergées par l’invasion germanique, la libération, qui ne fut longtemps que le rêve d’une invincible espérance, apparaît aujourd’hui comme une échéance imminente. Sur un fragment du territoire métropolitain, la libération a même commencé. Il en résulte que notre pays se trouve aujourd'hui, non plus dans la période où les problèmes immenses que vous savez se posaient comme éventuels, mais bien dans la phase où ils doivent être effectivement et progressivement résolus. De la façon dont la nation saura les résoudre, de l'esprit dans lequel elle le fera, de l’ordre qu’elle y apportera, dépend littéralement son destin. C’est dire quelle est l’étendue de la tâche qui incombe au gouvernement et à laquelle je crois bien qu’on ne trouverait, dans notre histoire, aucun précédent comparable. Je vais exposer à l'Assemblée quelle politique le gouvernement entend suivre pour remplir sa tâche, à mesure de la libération. Je le ferai en montrant quelle route nous suivons et continuerons de suivre, au point de vue de l’effort guerrier, puis de la réorganisation intérieure du pays, enfin de sa position et de son action dans le monde. Le gouvernement est plus convaincu que jamais que la solution du conflit doit être obtenue radicalement, par les armes et qu’en dépit de la situation dans la quelle l’invasion et la trahison ont jeté notre pays, il est d’importance vitale que la France participe à la grande bataille d’Europe, avec toutes les forces dont elle dispose. Il n’est pas moins nécessaire que le rôle joué par nos forces soit un rôle proprement français. Il est enfin indispensable que tous nos efforts, qu’ils se développent au-dedans ou au-dehors du pays, constituent un tout, c’est-à-dire l’effort rassemblé de la nation sous l’autorité unique de l’État. La géographie a déterminé les puissances de l'Ouest à répartir actuellement leurs opérations en Europe entre deux théâtres : celui du Nord et celui de la Méditerranée. Il a paru au gouvernement que c’était sur le second qu'il convenait de porter le principal effort de nos armées. Non seulement pour des raisons pratiques, puisque la plupart de nos unités de combat étaient formées en Afrique, mais encore pour des raisons d’ordre national. Il convient, en effet, que la puissance militaire française, en grande partie refoulée dans l’Empire par la défaite provisoire en Europe et dans la Métropole, livre, à partir de l’Empire les combats pour la libération de la Métropole et de l’Europe. À cet égard, il faut noter que la conduite générale de l’effort militaire français, depuis les jours funestes de juin 40, a suivi une ligne continue. Notre participation aux batailles de Tunisie, puis d'Italie, comme la libération de notre Corse par nous-mêmes et la prise de l’île d'Elbe par nos troupes n’étaient que le prolongement, par des moyens progressivement croissants, de ce que nous avions fait auparavant en Érythrée, au Levant, en Libye et au Fezzan. Au total, depuis le soi-disant armistice conclu par les gens de Vichy, les forces françaises combattant hors de la Métropole, ont perdu, sous le feu de l’ennemi, 61.000 hommes tués, blessés et disparus. Elles ont fait prisonniers près de 100.000 soldats ennemis. Il est bon, semble-t-il, de souligner comment, malgré d'incroyables malheurs, s’est maintenue et se maintiendra, dans le domaine militaire comme dans les autres, la continuité des desseins de la France. C’est donc dans le bassin de la Méditerranée que nous déployons, en ce moment, notre effort principal. Cette politique nous a conduits à prendre part largement et, je le crois, glorieusement à la grande bataille d'Italie. Il est vrai que, de ce fait, la participation de nos forces de l’extérieur à la bataille de Normandie, s’est trouvée, jusqu'à présent, limitée à l’engagement, d'ailleurs brillant et efficace, de certaines forces aériennes et navales et de quelques éléments débarqués ou aéroportés. Mais je puis assurer, sans préciser, bien entendu, aucune date ni aucun chemin, que la libération de notre Métropole sera effectuée avec le concours de toutes les forces françaises de terre, de mer et de l’air susceptibles de combattre sur les champs de bataille modernes. Cela est le principe même de notre coopération avec nos alliés. J'ajoute que. comme il avait été fait pour les opérations récentes en Italie, les plans stratégiques relatifs à la bataille de France ont été portés en temps voulu à la connaissance du gouvernement et du haut-commandement français, que la participation des forces françaises à été arrêtée d'accord avec nous et que nos états-majors qualifiés prennent part normalement à l'établissement des plans d’emploi des forces interalliées qui comportent le concours des nôtres. Ainsi, sans nuire aucunement à l’unité de commandement que nous avons acceptée, et compte tenu de la puissance relative des effectifs et du matériel engagés dans la période actuelle de la guerre, respectivement par les États-Unis, la Grande- Bretagne et la France, le gouvernement peut répondre que notre effort militaire se déploie directement au service des intérêts nationaux. C’est d'ailleurs en pratique la meilleure façon de servir l’intérêt militaire de la coalition. Rien ne peut illustrer ce principe mieux que l’action puissante actuellement menée par nos forces de l’intérieur, au profit de la bataille commune. Au reste, nous nous plaisons à constater que le haut-commandement interallié a hautement reconnu la valeur de cette action, dès lors qu’il a mesuré le concours qu elle apportait aux opérations d’ensemble. Il en est résulté quelque amélioration dans l’armement de nos forces de l’intérieur. L’Assemblée apprendra avec quelque satisfaction que les quantités d'armes et d'équipements parvenues aux forces de l'intérieur dans le courant de chacun des mois de juin et de juillet sont en moyenne sept fois plus élevées que celles qui leur parvinrent durant le mois le plus favorable avant le commencement de la bataille de France. Il faut dire que, parallèlement, les effectifs engagés ou susceptibles de l’être ont plus que triplé en trois mois et atteignent actuellement plusieurs centaines de milliers d'hommes dont un tiers seulement est doté d'un armement convenable. C’est dire à la fois quel effort reste à faire pour l’équipement de ces forces et quel rôle elles sont susceptibles de jouer dans la suite des opérations, si l’on en juge par ce qu’elles ont déjà fait. Chacun comprend que le caractère très mouvant et très dispersé de la lutte menée par nos forces de l’intérieur, interdit de leur appliquer les procédés de commandement habituellement usités. Il est évident que la direction doit s'exercer principalement sur le plan local. L'impulsion d'ensemble qui incombe, bien entendu, au gouvernement et aux organismes qu'il en a chargé à l'intérieur du système de commandement interallié consiste à prescrire l’attitude générale que doivent observer les forces de l'intérieur suivant les phases de la bataille et les possibilités à leur fixer certains objectifs essentiels, à organiser les secours et les communications, à susciter et à éclairer les initiatives des éléments divers et de leurs chefs. C'est ainsi que, pour la première phase marquée par le débarquement des Alliés en Normandie et l'établissement de la tête de pont sur la ligne Saint-Lô - Caen, les consignes données par le moyen des liaisons préalablement établies visaient à intercepter les communications ennemies sur des axes et en des points d’avance déterminés et à attaquer dans toutes les régions des détachements ennemis isolés, soit dans leur cantonnements, soit sur les routes, sans accepter cependant d’engagements généraux et prolongés. En même temps, et tout en combattant, les forces de l’intérieur avaient à compléter leur organisation en fonction des effectifs croissants qu’elles incorporaient, du matériel d’armement qui leur parvenait, des cadres, des spécialistes et des renforts qui leur étaient envoyés de l'extérieur. Messieurs, les résultats déjà obtenus ont entièrement répondu à ce qu'attendait le gouvernement et ont dépassé ce qu’attendaient certaines autorités différentes. Il est littéralement vrai que tout l’ensemble du réseau des communications ferrées en France a été et est demeuré bouleversé par nos forces depuis le début de juin et que l’arrivée des réserves allemandes a subi de ce fait des retards très graves dépassant une semaine pour certaines unités comme, par exemple, la division « Das Reich ». D’autre part, des zones étendues, parfois des départements entiers, se sont trouvées à tel ou tel moment contrôlées par les troupes françaises opérant au grand jour. Ainsi en fut-il dans l’Ain, la Drôme, l’Ardèche, l'Aveyron, la Dordogne, l’Isère, les Hautes-Alpes, les Basses-Alpes, le Vaucluse, la Haute-Loire, la Corrèze, le Cantal, la Creuse, la Haute-Vienne, le Lot, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne, la Bretagne intérieure, les Vosges, la Vienne, la Franche-Comté. L’ennemi, dans le Vercors, l’Ain, l’Ardèche, la Savoie, le Dauphiné, la Haute-Provence a dû ou doit monter de puissantes offensives militaires pour tenter de se rétablir. En ce moment même il attaque le massif du Vercors avec des forces de toutes armes et des unités blindées et une aviation importante. D’après des rapports indiscutables, les Allemands ont perdu déjà dans cette lutte au moins huit milliers de morts, plus de deux mille prisonniers et une quantité très grande de matériel. Les effectifs que les Allemands sont contraints d’employer contre nos troupes sur le sol métropolitain, atteignent la valeur de sept ou huit divisions au moins. Encore, et malgré la répression féroce à laquelle ils se livrent contre les populations sans défense, ne parviennent-ils aucunement à dominer la situation. Nous avons des raisons de croire que les pertes et les difficultés qui leur sont ainsi causées iront en se multipliant par nos attaques progressivement accentuées, par le nombre croissant des destructions appliquées à tout ce qu'ils utilisent, par le refus du travail dans les entreprises dont ils se servent; enfin, par ces mille et mille actions de détail exécutées contre eux, en tous points de nos villes et de nos campagnes et qui contribuent à ruiner leur puissance en même temps que leur valeur morale. Ah ! certes, la France sait ce que cette forme de guerre lui coûte à elle-même en fait de vies humaines et de ruines matérielles. Il appartient au gouvernement de proportionner autant que possible les pertes avec les résultats. Mais il lui appartient aussi de faire en sorte que l'ennemi garde pour des générations le souvenir de ce qu’il en coûte d’envahir la terre de nos pères. C’est pourquoi je réponds que notre effort à l’intérieur ne cessera pas de grandir comme contribution capitale à la libération du pays, jusqu’au jour par lequel la nation, dressée tout entière sous l’autorité du gouvernement de la République, saura faire en sorte, en liaison avec ses armées et celles de ses Alliés, qu’aucun Allemand sur son sol ne soit autre chose qu'un cadavre ou un prisonnier. |
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