Recherche tout champ | Recherche avancée | Nouvelle recherche | Page d'accueil |
Titre : | Discours par Paul Faure - avril 1936 [1] |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Faure, Paul |
Interprète(s) : | Faure, Paul |
Genre : | Discours politique |
Fichier audio : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 25 cm aiguille (enregistrement électrique) |
Lieu d'enregistrement : | Médan, France |
Marque de fabrique, label : | Pyral zinc – Disque pour l'enregistrement direct 3625 |
Numéro de catalogue : | 6376 |
Numéro de matrice : | Py207 |
Date de l'enregistrement : | 1936-04-xx |
Instruments : | Déclamation, diction, monologue |
État : | Exc++ |
Vitesse (tours/minute) : | 78,monter |
Matériel employé au transfert : | Stanton 150, SME-Clément, pointe 2,7E sur Shure M44, Elberg MD12 : courbe flat, Cedar X declick, decrackle |
Date du transfert : | 17-04-2019 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. |
Texte du contenu : | Discours de Paul Faure, avril 1936
1. Citoyens, Dans trois jours, électeurs de France, vous serez appelés à renouveler les membres de la Chambre des députés. Choisissez bien vos représentants. Cette fois mieux encore qu’aux précédentes consultations. Jamais, en effet, notre génération — à part la guerre — n’a eu à régler des problèmes aussi redoutables et dont les solutions, pour certains d’entre eux, ne sauraient être plus longtemps différées. Sur le plan politique, la République devra évoluer rapidement vers une large et puissante démocratie, purgée de tous les agents et complices de ses ennemis partout où s’exprime l’autorité gouvernementale et administrative. Sinon ce sera le fascisme rentrant en scène à bref délai et infligeant à notre pays le régime abject et sauvage qui sévit de l’autre côté de nos frontières de l’Est et du Sud-Est. Sur le plan économique, il faudra s’attaquer sans retard à la crise, la faire reculer et la vaincre, pour éviter une catastrophe où peut s'effondrer dans une anarchie sans fin la civilisation moderne. Sur le plan international enfin, le gouvernement et la majorité de demain auront à jouer la partie de la paix. Et ils n’ont pas le droit de la perdre. Tel est, énoncé dans ses grandes lignes, le programme d’action et de réalisation sur lequel notre Parti socialiste a pris, quant à lui, position nette. Il présente des candidats dans presque toutes les circonscriptions de France. Il est prêt à prendre en mains le gouvernement de la République. Pourquoi les électeurs ne lui feraient- ils pas confiance et lui refuseraient-ils le moyen de donner sa mesure ? N’est-il pas le parti le plus solidement organisé, ayant, depuis sa fondation, fourni la preuve de la continuité de ses vues, de la solidité de ses doctrines, de sa clairvoyance et de ses incessants efforts pour comprendre et diriger les événements et faire pénétrer dans les lois tout ce qui peut être utile aux travailleurs — à toutes les catégories de travailleurs — avec la volonté jamais en défaut de servir les intérêts généraux de la collectivité ? C’est le Parti socialiste, ne l’oubliez pas, qui avait obtenu en 1932 le chiffre de suffrages le plus élevé. Contestera-t-on ses capacités gouvernementales? Comment le faire sans l’avoir mis à l’épreuve ? Surtout qu’il suffit, n’est-ce pas, que l’un de ses membres l’abandonne pour qu'on lui confie aussitôt des portefeuilles ministériels, quand ce n’est pas la direction même d’un gouvernement ou la présidence de la République ! Comme si l’infidélité ou le reniement conféraient à ceux qui nous quittent des qualités supplémentaires et des vertus nouvelles ! Me sera-t-il permis de rappeler ... 3. [Toutes les résistances et même les offensives révolutionnaires à la manière du 6 février pourront] être, le cas échéant, brisées instantanément par un gouvernement résolu et prêt à faire appel au peuple de Paris et des provinces. capable, lui, de monter une garde vigilante et efficace autour des hommes et des partis décidés à l’action et à la lutte. Encore une fois, le Parti socialiste réclame sa place au premier rang de ce combat où va se jouer le sort des libertés, des droits et des espérances des travailleurs et de tous les républicains. En même temps, il faudra très vite et avec un esprit débarrassé des vieilles formules et des absurdes préjugés, mettre à l'ordre du jour l’étude des problèmes posés par la crise économique et y porter remède. Que beaucoup de ces problèmes dépendent d’une nouvelle politique internationale, en ce qui concerne les matières premières, les questions monétaires, les échanges de produits agricoles ou manufacturés à travers les frontières terrestres ou maritimes, nous n’en disconvenons pas. Mais des mesures nationales s’imposent tout d’abord comme préface à des solutions plus vastes et plus fécondes. Pour la construction d’un monde en harmonie avec la science et le développement humain, indispensables sont des matériaux de base dans le cadre même de chaque État. La nation française doit puiser dans son sol, dans son économie disciplinée, dans sa politique, dans son idéalisme, dans les qualités et le génie de sa race sa contribution à l’œuvre commune qui assurera l’éclosion d’une civilisation supérieure. Tout a été dit sur la crise économique qui a bouleversé l’univers et plus particulièrement, comme il était normal, les pays les plus industriels. La situation s’est-elle améliorée ? De même que les précédentes, cette crise est-elle on train de se résorber d’elle-même et le retour à la prospérité est-il en vue ? .Nous ne le pensons pas. Évidemment, il peut se faire, les stocks ayant été parfois écoulés par suite de l’arrêt du travail, que ici et là, le mouvement renaisse et que les échanges reprennent. Mais les causes demeurant inchangées, le mal, comme une lèpre inguérissable, poursuivra son œuvre. La vérité, c’est que les découvertes et les applications de la science dans tous les domaines du travail, les progrès et le développement de la production tant agricole qu'industrielle qui en découlent ne permettent plus l'existence d’un régime capitaliste. C’est d’une évidence qui frappe les yeux. La théorie socialiste a reçu, à cet égard, une éclatante confirmation des faits. Les Français, de toute condition et de toutes opinions, se rendent-ils compte exactement de la gravité de l’époque présente et. des responsabilités qui pèsent sur leurs épaules ? 1.750.000 postes de salariés ont été supprimés en France depuis l’origine de la crise d’après des déclarations officielles déjà anciennes du ministère du Travail. En tablant sur un salaire moyen annuel de 9.000 francs, cela fait 12 à 15 milliards de francs dont le mouvement général des affaires a été privé. 5. [L'incinération des produits manufacturés ou agricoles mis sur le même pied que les ordures] dangereuses pour la santé publique, comme d’autres l’ont fait, par-delà l’océan, pour le café, pour le blé, pour le coton, pour les fruits et pour le bétail. Est-il possible d’imaginer des conceptions et des pratiques plus insensées et plus criminelles ? Ici se heurtent deux doctrines tout à fait contraires, absolument inconciliables, citoyens, celle du capitalisme et celle du socialisme entre lesquelles l’humanité contemporaine devra faire son choix. Voici ce que nous proposons : Il s’agit de donner du travail aux chômeurs, de rendre à la circulation les rues barrées devant une jeunesse qui se morfond et se désespère, de revigorer l’économie, de retrouver des clients et des consommateurs à l’industrie, au commerce à l’agriculture. Pas un bulletin de vote ne devrait s’égarer sur les noms de ceux qui en présence de ces problèmes vitaux n’ont rien d’antre à offrir que des lamentations en attendant que l’orage passe. La solution réside dans des mesures fiscales et sociales, hardies et en bonne direction, dans une entreprise de grande envergure, d’équipement national, dans le financement de l’opération et dans une politique internationale de désarmement, de paix et d’accords économiques. Hors de là, que tous les hommes de bonne volonté se le disent, il n’y a qu’une accumulation de catastrophes où les générations sa débattront dans des soubresauts de violence et des crises volcaniques de destruction portant à la civilisation des coups plus rudes qu'une invasion de barbares. Établissons au plus vite la semaine de 40 heures, sans diminution de salaires, qui permettra le retour au travail d’une partie de l’armée des chômeurs. Réquisitionnons les architectes, entrepreneurs, dessinateurs, hygiénistes, urbanistes, ouvriers de tontes professions pour dresser et exécuter un plan d’ensemble de travaux sur tout le territoire. Sanatoria pour recueillir, soigner et guérir les malades, notamment les tuberculeux, guérissables dans la plupart des cas si la maladie est dépistée à temps, si l’air, le soleil, le repos, les soins, l'alimentation qui conviennent sont donnés à ces malades, logements salubres et confortables à édifier en lieu et place des taudis sordides oü vivent les classes pauvres, foyers de misère, de tristesse et d’épidémies, honte et crime de la société actuelle. Écoles restaurées, modernisées, ouvertes à tous et à tous les degrés. Élargissement des voies de communications, construction de ponts, suppression des passages à niveau gênants et meurtriers, entretien et goudronnage des chemins vicinaux et petites routes, électrification plus complète des logements populaires, des communes rurales et des hameaux. J’énumère seulement et j’en néglige. Il y a du travail utile fécond et joyeux pour une génération de guerre. Le chômage disparaît, !e travail [renaît] 7. Ceux qui inspirent cette campagne infâme vivent de la préparation de la guerre, quand la guerre éclate s'enrichissent de sa durée, quand la guerre est terminée, exploitent la préparation du futur conflit. Le gouvernement de demain devra mettre un terme à ce scandale sans nom, à cette trahison inouïe en supprimant le commerce privé des armes. Ce sera notre immense fierté d’avoir, plus que quiconque, nous, socialistes, contribué à cette mesure qui aidera à la construction de la paix et qu'exigent une défense nationale et un patriotisme bien compris. Ceux qui s'y opposent sont mille fois disqualifiés pour parler de la France et de sa sécurité, même quand ils se drapent dans un superpatriotisme qui est une abominable imposture. Nous les avons accusés d’avoir été, avant, pendant et depuis la guerre associés aux autres firmes étrangères qui constituent l'Internationale sanglante des armements. Ils n'ont jamais pu se justifier, et pour cause. Depuis des mois, nous avons affirmé que sans les minerais français et la bauxite française, l’Allemagne de Hitler, privée de fer et d’aluminium, eût rencontré les plus grandes difficultés pour son réarmement militaire naval et aérien. Ils sont restés silencieux jusqu’à ces derniers temps. Puis tout à coup, juste au moment de l'ouverture de la campagne électorale, ils ont lâché sur nous la presse à leur solde, celle de Paris tout d'abord ensuite celle de province. Ils espéraient ainsi que nous n'aurions ni le temps ni les moyens de réduire à néant leur [grossière défense]. Nos camarades, à travers toutes les circonscriptions de ce pays, auront, j'en suis sûr, démasqué leurs politiciens mercenaires et complices et crevé comme bulles de savon leurs pitoyables explications. On ne peut, disent-ils, avec le minerai lorrain fabriquer des canons. Ce n'est même pas vrai. Mais à supposer que cela soit, les 24 millions de tonnes et plus de minerai de fer français livrés à l'Allemagne ont permis au Reich d'affecter la totalité d'autres minerais à la fabrication de canons, en sorte que les données du problème demeurent exactement les mêmes. Mais le minerai lorrain est parfaitement favorable à la fabrication des obus et un canon peut utiliser en obus cent fois son poids en minerai. Nos superpatriotes se défendent d'avoir fourni des canons à l'ennemi éventuel. Ils se sont contenté de les charger. Un autre des leurs arguments : La Suède et l'Espagne ont également livré du minerai à l'Allemagne. Comment donc ! Ces deux pays éloignés de l'Allemagne et que les armées d'Hitler ne menacent pas n'avaient vraiment pas à être plus royalistes que le roi et puisque la France, placée comme une cible en face des canons allemands livrait son minerai, pourquoi se seraient-ils privés des bénéfices d'une opération industrielle ? Enfin, dernier argument décisif... |
Recherche tout champ | Recherche avancée | Nouvelle recherche | Page d'accueil |