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Titre :Entretien de Jean Thévenot avec Henri-Georges Clouzot au festival de Cannes à propos de son film Le salaire de la peur. Il évoque le peintre Pierre Bonnard
Interprète(s) :Henri-Georges Clouzot
Genre :Emission radiodiffusée
Fichier audio :
Support d'enregistrement :Disque
Format :25 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Cannes
Marque de fabrique, label :Pyral alu – Radio Luxembourg
Numéro de double-face :20077
Numéro de catalogue :2180
Numéro de matrice :Py225
Date de l'enregistrement :1953-04-22
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Stanton 150, SME-Clément, pointe 2,7E sur Shure M44, Elberg MD12 : courbe flat, Cedar X declick, decrackle
Date du transfert :17-04-2019
Commentaires :Texte du contenu ci-joint.
Texte du contenu :Entretien de Jean Thévenot avec Henri-Georges Clouzot au festival de Cannes à propos de son film Le salaire de la peur. Il évoque le peintre Pierre Bonnard


Y a eu plusieurs raisons, y a toujours plusieurs raisons. D'abord, je revenais d'Amérique du Sud et j'avais envie de remettre sur l'écran ce que je venais de sentir. Or vous savez que j'avais eu des difficultés au Brésil, que j'avais pas pu tourner le journal de voyage comme je l'espérais et par conséquent j'avais une espèce d'envie rentrée qu'il fallait qui sorte d'une façon ou d'une autre. Et ça c'était une raison et la seconde raison qui était peut-être la plus importante, c'est que Le salaire de la peur était un sujet entièrement différent de tout ce que j'avais traité jusqu'ici, c'est-à-dire que les conflits sentimentaux, en tout cas hétérosexuels, étaient absents et qu'il n'y avait justement aucune espèce de sexualité, que les problèmes se posaient un peu... il se posait un problème beaucoup plus moderne, enfin beaucoup plus actuel pour moi, c'était le problème de la peur, de l’héroïsme, du courage, du manque de courage et cætera et des rapports des hommes entre eux.
- Et je voudrais savoir, Clouzot, d'abord si ces projections successives d'abord au festival puis toutes celles de travail vous amènent à réviser encore votre...
- Eh bien, je crois au fond qu'un film n'est jamais fini, vous comprenez. Il continue à vivre et, à mesure qu'on le projette, en effet le film continue à vivre et pourquoi voudriez-vous que... il ne prend pas que des rides, il prend aussi des forces.
- Est-ce que vous êtes en tout cas content dans l'ensemble de l'accueil qui lui a été fait, des réactions que vous avez pu observer ?
- J'ai été extrêmement content des réactions du public.
- C'était des réactions de la salle. Le premier soir, j'ai trouvé que la salle était assez froide au départ et peu à peu elle s'est échauffée et en fin de compte, à la fin, ils sont sortis complètement sonnés, ce qui était tout de même le but de...
- De ce côté-là j'ai eu aucune mauvaise surprise. Mais enfin...
- Tout à l'heure, je vous ai vu soucieux justement même d'analyser dans le détail les réactions pour en tenir compte.
- Il y a toujours, vous comprenez, je sais pas si vous connaissez l'histoire, je veux pas me comparer à lui mais c'est une des histoires qui m'a le plus ému. C'est l'histoire de Bonnard. Bonnard, un jour, se promenait au musée du Luxembourg et il sort une petite palette de sa poche et il a posé une touche sur une de ses toiles et le gardien s'est précipité en parlant d'iconoclastie car il ne connaissait pas Bonnard.
- Il ne savait pas que c'était...
- Il ne savait pas que c'était l'auteur de la toile
- Du tableau retouché, oui
- Et il y a eu une histoire à tout casser, il a été obligé de prouver son identité et il s'est excusé en disant : "Mais je peux pas faire autrement, qu'est-ce que vous voulez." Il y a toujours un détail auquel on peut donner plus de signification par une ellipse très simple, vous comprenez. C'est ça que je suis en train de chercher.
- Je vais vous poser une question qui est banale, qui est naïve, qu'on a dû vous poser plus de cent fois : Vous avez dû avoir des difficultés terribles pour réaliser le film.
- D'habitude, les mauvais souvenirs s'effacent et les bons restent mais je peux dire que de ce tournage le souvenir des difficultés reste quand même beaucoup plus présent qu'il n'a jamais été dans mon esprit pour aucun autre film. C'est un film qui personnellement m'émeut autant par ce qui est derrière que par ce qui est sur l'écran
- Vous avez gâché - enfin, excusez-moi pour le mot "gâché" mais - détruit un matériel considérable.
- Considérable. Mais le matériel...
- Un gros camion
- Un gros camion, c'est ce qui a été le plus pénible au producteur qui se trouvait présent quand on l'a fait. On sait qu'une journée coûte un million et demi. Quand la journée a été mauvaise, on dit : "Y a un million et demi de perdu" mais on ne l'a pas vu s'en aller ce million et demi tandis que quand on voit le million et demi qui passe par-dessus le mur et qui s'écroule au fond d'un précipice, ça fait une drôle d'impression.
- Y a eu combien...



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