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Titre : | Funérailles du Maréchal de Lattre de Tassigny, à Notre-Dame de Paris (4) |
Interprète(s) : | Garde républicaine ; René Pleven |
Genre : | Discours de circonstance |
Fichier audio : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 25 cm aiguille (enregistrement électrique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | Pyral alu – Les programmes de France, 22 rue Bayard, Paris |
Numéro de double-face : | 10031 |
Numéro de matrice : | Py233-K158 |
Date de l'enregistrement : | 1952-01-15 |
Instruments : | Diction |
État : | Exc++ |
Vitesse (tours/minute) : | 78 |
Matériel employé au transfert : | Stanton 150, SME-Clément, pointe 2,0E sur Shure M44, Elberg MD12 : courbe Westrex, Cedar X declick, decrackle |
Date du transfert : | 10-05-2019 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. |
Texte du contenu : | Funérailles du Maréchal de Lattre de Tassigny
1. Il est 9 heures du matin. Sous les voûtes de Notre-Dame, la dépouille mortelle du Maréchal de Lattre de Tassigny repose sur un catafalque drapé d'un immense voile tricolore. L'office funèbre va commencer en présence de monsieur le président de la République, de l'impératrice d'Annam, de madame de Lattre de Tassigny et de toutes les autorités civiles et militaires françaises ainsi que de nombreux représentants des pays alliés. L'office funèbre commence. Sur la blancheur du catafalque, le bâton du Maréchal reposant sur un coussin de velours cramoisi scintille de ses vingt étoiles d'or. La Manécanterie des petits chanteurs à la croix de bois entonne le requiem de la messe des funérailles des rois de France. Avant l'évangile, lecture est donnée de l’épître de la messe des funérailles. "Ce que je vais vous dire, c'est d'après les paroles de Notre Seigneur lui-même : Tous ceux qui sont morts avant nous, nous les retrouverons quand le Seigneur reviendra sur terre" Après le Sanctus, l'élévation. 2. Monseigneur Feltin, archevêque de Paris, donne l'absoute. "Ce n'est qu'un au revoir, mes frères, ce n'est qu'un au revoir Oui, nous nous reverrons, mes frères, ce n'est qu'un au revoir" Sur ce chant d'adieu, la cérémonie se termine et le cortège va se former pour gagner les Invalides. "Arme sur l'épaule ! Droite ! Présentez arme !" Les gardes républicains en grande tenue viennent de présenter les armes de part et d'autre du porche de Notre-Dame. La prolonge d'artillerie que tirent quatre chevaux blancs montés par des cavaliers de la Garde casqués de noir s'avance lentement. Une vingtaine d'enfants en robe de bure précèdent les évêques du Chapitre et Monseigneur Feltin. Madame de Lattre suit le cercueil à pas très lents. Le bâton du Maréchal est porté sur un coussin en tête d'un carré de vingt-cinq sous-officiers qui portent les décorations du défunt. Le fanion du régiment de hussards auquel appartenait Bernard de Lattre ferme la marche de cette première partie du cortège. Les personnalités qui ont assisté à la messe suivent le cortège qui passe très lentement devant des milliers et des milliers d'hommes et de femmes et d'enfants silencieux et graves. La prolonge d'artillerie passera tout à l'heure à notre hauteur mais nous pouvons déjà distinguer, sur le drap tricolore qui couvre le cercueil le képi aux sept étoiles, la vareuse du Maréchal, son épée. 3. [...] La prolonge d'artillerie vient de passer à notre hauteur. Une Alsacienne en costume la précède. Sur l'esplanade des Invalides, madame de Lattre de Tassigny vient d'arriver à la tribune officielle. Elle a été accueillie par le président Auriol. Les personnalités officielles civiles et militaires, les membres du gouvernement y ont pris place successivement. Dans quelques instants, monsieur Pleven prononcera un discours. Un détachement de fantassins, l'arme sur l'épaule avance à pas lents et rythme la marche funèbre. Les drapeaux en berne suivent, que portent des officiers. Ceux-ci se groupent au centre de l'esplanade ainsi que les représentants des associations d'anciens combattants. Autour de madame de Lattre de Tassigny, on reconnaît le général Eisenhower, le maréchal Montgomery. Monsieur le Président de la République, madame la Maréchale, le 11 janvier 1952, 7 minutes avant 18 heures, le cœur intrépide du général de Lattre de Tassigny a cessé de battre. Le coup est dur. Malgré tant de services rendus à la France pendant 43 années ininterrompues, jamais peut-être le général de Lattre n'avait été plus utile, plus nécessaire au pays. Le peuple le sait, le peuple le sent. La douleur est partout, le deuil est dans toute la France. Choix et volonté, tels doivent être les mots d'ordre de tous. Choix et volonté, c'est aussi le testament du maréchal de France de Lattre de Tassigny à ceux qui assureront la relève. Il exigeait de tous qu'ils donnassent au-delà de leurs forces. Ainsi faisait-il pour lui-même, ainsi a-t-il fait jusqu'au bout. Aujourd'hui il a rejoint Bernard et les chers compagnons de son cœur. 4. [...] les jeunes hommes des champs de bataille de l'île d'Elbe, de France, d'Allemagne et d'Indochine. Ils l'ont accueilli en alignements impeccables dans cet immense empire où l'âme découvre enfin son éblouissement et son repos. Cette musique militaire annonce le début du défilé. Ce signal a été donné d'une façon beaucoup plus grandiose par des avions à réaction qui viennent de survoler l'esplanade. Ainsi, pendant plus de deux heures, défileront devant le corps du maréchal de Lattre de Tassigny les troupes qu'il a commandées, dans lesquelles il a servi. Demain le cortège funèbre reprendra sa route vers Mouilleron-en-Pareds, terre natale où il rejoindra son fils Bernard qui repose déjà là-bas depuis 7 mois. 5. Le 11 janvier 1952, 7 minutes avant 18 heures, le cœur intrépide du général de Lattre de Tassigny a cessé de battre. Le coup est dur. Malgré tant de services rendus à la France pendant 43 années ininterrompues, jamais peut-être le général de Lattre n'avait été plus utile, plus nécessaire au pays. Le peuple le sait, le peuple le sent. La douleur est partout, le deuil est dans toute la France. Choix et volonté, tels doivent être les mots d'ordre de tous. Choix et volonté, c'est aussi le testament du maréchal de France de Lattre de Tassigny à ceux qui assureront la relève. Il exigeait de tous qu'ils donnassent au-delà de leurs forces. Ainsi faisait-il pour lui-même, ainsi a-t-il fait jusqu'au bout. Aujourd'hui il a rejoint Bernard et les chers compagnons de son cœur, les jeunes hommes des champs de bataille de l'île d'Elbe, de France, d'Allemagne et d'Indochine. Ils l'ont accueilli en alignements impeccables dans cet immense empire où l'âme découvre enfin son éblouissement et son repos. D'innombrables missions étrangères viennent observer sur place. Il est là pour les accueillir et personne n'a trouvé de mots plus concis, plus saisissants pour expliquer ce qu'est aujourd'hui auprès des états d'Indochine la mission de la France. Écoutons-le : "Je suis venu ici , dit-il aux représentants du Vietnam pour accomplir votre indépendance, non pour la limiter. L'armée française n'est ici que pour la défendre." Au milieu de cet immense effort qui exige de lui le don de toutes ses forces, de son intelligence et de son cœur le frappe le plus cruel des malheurs. Il saigne mais il ne chancelle pas. Domptant sa douleur, soutenu par sa compagne héroïque, il trouve dans les sacrifices de son enfant un nouveau motif de foi dans la mission qui est la sienne. C'est à la jeunesse du Vietnam, à ceux qui ont l'âge de Bernard qu'il adresse alors ces paroles : "Il vous faut admettre que vous arrivez à l'âge d'homme à l'heure où l'existence même de votre pays est en jeu. Il vous faut comprendre que le Vietnam puisqu'il est indépendant est le maître de son destin et que la jeunesse du Vietnam parce qu'elle est la jeunesse en est responsable. Cette guerre, que vous l'ayez voulue ou non est la guerre du Vietnam pour le Vietnam et la France ne la fera pour vous que si vous la faites avec elle." Deux jours après cet appel, le 14 juillet dernier, une foule de 120.000 Vietnamiens apportait sa réponse au général de Lattre en un défilé grandiose et, le lendemain, le chef de l’État du Vietnam signait l'ordonnance mobilisant les ressources de la nation. 6. Mais le regard du général de Lattre n'a jamais cessé de situer dans l'ensemble mondial le front qu'il avait la charge de tenir. Il veut expliquer lui-même aux États-Unis le sens de ce qui se déroule en Indochine. C'est à Washington, en septembre, qu'il trouve cette formule : "Nous avons donné l'indépendance aux États d'Indochine sans que le monde s'en aperçoive et on nous a soupçonnés de vouloir la reprendre alors que nous restions présents seulement pour la soutenir." À peine de retour du voyage en Amérique qui a été exténuant, il court à Londres pour assurer là encore la communauté de vues avec l'Angleterre qui elle aussi doit protéger en Malaisie l'indépendance d’États nouveaux. C'est à ce moment que cet homme de fer qui n'a jamais connu la maladie découvre qu'il aura besoin de ce qu'on croit devoir être quelques semaines de soins en Europe aux mois de janvier et de février. Mais il doit d'abord revenir en Indochine. L'homme qui a choisi pour devise "Ne pas subir" dédaigne les précautions et repart le 15 octobre vers l'Indochine. Mais sur son chemin il tient encore à faire escale à Rome, cette fois pour expliquer à la plus haute autorité spirituelle la politique française en Indochine. À son arrivée à Saïgon le 19 octobre, il déclare : "Je reviens avec une foi accrue dans l'avenir des États associés [...] [Cette armée (d'Alger) qui se nomme d'abord aussi, dans le langage des combattants, l'armée de Lattre. Constituée par la fusion de l'armée d'Italie du général Juin qui, après les victoires de Rome et de Sienne, allait devenir disponible, et des éléments rassemblés en Afrique du Nord, elle était composée des gens les plus divers, venus de tous les horizons, de toutes les familles du pays, de militaires de carrière et de réservistes, d'enfants de la métropole et de l'Outre-mer, d'aventuriers et de saints], de Français libre et de fidèle du général Giraud" D'emblée, le général de Lattre s'impose à eux, violemment. Et lorsque son armée débarquée en Provence, ayant libéré de haute lutte Toulon et Marseille, remonte la vallée du Rhône et voit venir à elle de tous les coins du pays les maquis qui portaient les noms de nos vieilles provinces, il leur ouvre ses bras et ses magasins, leur explique ce qu'étaient ces autres Français qui arrivaient d'Afrique. Ainsi les réguliers, les F.F.L., les F.F.I., les F.T.P. ne formèrent plus sous son commandement qu'une force fraternelle. Le pays a mis longtemps à savoir que tant de ses enfants parmi les meilleurs étaient là et que le général de Lattre — comme l’avait fait de la 2e D.B. le général Leclerc — avait su opérer, avec une science merveilleuse de l’intérêt national, l'amalgame de tant d’éléments divergents. Le pays qui. au même moment, devait déblayer ses ruines, recueillir ses prisonniers, remettre en mouvement sa production, a mis longtemps aussi à se rendre compte de ce que fut, pendant l'affreux hiver de 1944-1945, la dureté de la campagne d’Alsace, l’acharnement de la bataille qui libéra Colmar intact, l’effort extraordinaire de cette Première Armée qui, après avoir chassé l’Allemand de la Franche-Comté et de l’Alsace, avait traversé le Rhin, conquis la plaine de Bade et une partie du Wurtemberg, ressuscité l’épopée révolutionnaire et napoléonienne et que [...] Jamais les hommes qui l'ont connu n'oublieront votre leçon, monsieur le Maréchal. 7. [...] pas plus qu'ils n'oublieront le large front découvert, le nez fort et busqué, les yeux enfoncés sous les arcades sourcilières fortement marquées, la stature ramassée, les traits à la fois puissants et fins. Quelqu'un a écrit que la vie du Maréchal de Lattre de Tassigny pourrait être découpée en images d’Épinal. C'est vrai car elle commence comme un roman de chevalerie pour se terminer comme ces tragédies antiques où les héros meurent debout. Le Maréchal de Lattre de Tassigny a été un de ces êtres d'exception qu'on peut difficilement juger à l'échelle commune de l'Humanité. Elle est dans cette Vendée natale où un vieillard presque centenaire assiste à la fin de sa lignée. Elle est chez ceux qui approchèrent le général. Elle est chez ses officiers, ses sous-officiers, ses soldats. Elle est dans cette Alsace qu'il a libérée. Elle est dans les États associés d'Indochine dont les délégués sont ici pour lui rendre avec nous les derniers honneurs. Elle est dans les armées alliées qui savent que notre perte est aussi la leur. ----------- note : les enregistrements ne suivraient pas exactement le déroulé du discours de René Pleven, discours que l'on peut retrouver au moins en partie sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t51165007h/f3.item.r=%22D'embl%C3%A9e,%20le%20g%C3%A9n%C3%A9ral%20de%20Lattre%22.zoom |
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