Exposé des projets de la France pour la traversée commerciale de l'Atlantique, exposé par Fernand Lioré, à l'occasion de l'amerrissage à Horta (Açores) du Boeing 314 "Yankee Clipper"
Nous venons d'apprendre que l'hydravion américain Yankee Clipper a amerri au début de cet après-midi à 13h07 à Horta aux Açores. C'est un très beau succès à l'actif de l'hydraviation américaine, succès auquel les Français ne peuvent pas rester indifférents et qui eux-mêmes se demandent très certainement ce que fait la France au moment où les États-Unis inaugurent leur service commercial sur la traversée de l'Atlantique Nord. Eh bien, ce que fait la France, je vais vous le dire très rapidement, si elle n'est pas prête à joindre ses efforts à ceux des États-Unis dans un délai très bref, c'est que on a voulu en France s'attaquer à un problème et à un programme plus vaste que celui-là même qui vient d'être si brillamment résolu par les États-Unis. Je vais le faire en procédant très rapidement à une comparaison de l’appareil américain avec ceux qui sont en commande chez deux constructeurs français. L'appareil américain a décollé avec un poids total de 42 tonnes alors que les appareils qui sont commandés en France et qui sont en construction sont des appareils qui pèseront comme poids total 68 tonnes. L'appareil américain transporte aujourd'hui 21 personnes. Les appareils français ont été dessinés de façon à pouvoir transporter, outre un équipage de 8 hommes, un nombre de passagers qui peut varier de 20 à 40 suivant la distance franchie, suivant la disposition des escales ou suivant les commodités que l'on leur donnera puisque l'organisation du bord prévoit qu'on peut utiliser des couchettes qui, bien entendu, sont plus encombrantes que les fauteuils. Au point de vue de la vitesse, nous avons également une comparaison intéressante à faire. L'appareil américain vient de faire sa traversée à la vitesse de 280 km à l'heure. Cette vitesse accélérée par un vent favorable depuis le départ est supérieure de 30 km à celle qui avait été prévue. Pour les appareils français, la vitesse de croisière qui est prévue est de 330 km et il est à peu près certain que cette vitesse ne donnera lieu à aucune déception puisque la vitesse maximum à l'altitude de 4.500 mètres est prévue comme devant atteindre 420 km à l'heure. Vous voyez par conséquent que si la France reste silencieuse encore pendant un certain temps, elle se prépare néanmoins pour tenir brillamment sa place à côté des amis américains et des amis anglais qui, je crois, commenceront également eux-mêmes assez prochainement les services sur la ligne de l'Atlantique Nord.