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Titre :Maurice Garçon, avocat à la Cour d'appel de Paris : fragment d'une conférence en Sorbonne sur quatre illuminés romantiques (1) - L'annonce préalable évoque le nom d'Alexis Vincent Charles Berbiguier de Terre-Neuve du Thym, archétype du fou littéraire, et de ses farfadets dévastateurs
Interprète(s) :Maurice Garçon
Fichier audio :
Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :Pyral zinc – Radio Luxembourg
Numéro de double-face :20373
Numéro de catalogue :2303 S pera
Numéro de matrice :Py2167-K011
Date de l'enregistrement :1939-03-xx
Instruments :Diction
État :Exc++, monter à la fin
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Stanton 150, SME-Clément, pointe 2,2ET sur Shure M44, Elberg MD12 : courbe Columbia, Cedar X declick, decrackle
Date du transfert :14-05-2019
Commentaires :Texte du contenu ci-joint.
Texte du contenu :Maurice Garçon, avocat à la Cour d'appel de Paris


1.
- Cet après-midi, à la salle de géographie, maître Maurice Garçon, avocat à la cour d'appel de Paris, défenseur de tant de causes célèbres en même temps qu'éminent conférencier, a prononcé la première de ses causeries qu'il consacre à quatre illuminés romantiques.
- Maître Maurice Garçon s'est proposé de dresser aujourd'hui un tableau de la vie estudiantine dans la première moitié du 19ème siècle, milieu et époque où se situent les quatre illuminés dont il va conter les aventures à son public.
- Vous allez entendre maître Maurice Garçon qui, après vous avoir parlé de l'illuminisme, va vous entretenir en particulier de Berbignier, défenseur de l'Ordre contre les farfadets dévastateurs. (*)

- Je ne crois pas personnellement beaucoup à l'influence des gens sensés et pondérés. Pour faire pénétrer une idée neuve qui paraîtra raisonnable un jour peut-être, il semble qu'il faille qu'elle soit toujours présentée d'abord sous une forme excessive. L'homme qui domine son temps ou qui dans son temps prend une véritable influence sur son entourage n'est jamais, disons-le au regret de ceux qui sont des pondérés, n'est jamais véritablement un modéré, il lui faut pour réussir une imagination hors du commun, il lui faut se distinguer par l'outrance de ses opinions ou par la nouveauté ambitieuse de ses propos de telle sorte que le novateur, celui qui va créer, celui qui a l'ambition d'apporter des idées nouvelles dans le monde ne doit personnellement pas connaître un doute qui mettrait un frein à son activité. Lorsqu'il proclame ses certitudes, il doit être tout d'une pièce dans ses vérités aussi bien que dans ses erreurs. Ceux qui l'écoutent d'ailleurs ne lui permettent pas d'hésiter et prendraient un scrupule de celui qu'ils veulent écouter comme une faiblesse. Si le novateur ne veut pas perdre son crédit, il ne doit jamais sortir de la route où il s'est engagé où qu'elle le conduise et il ne doit jamais obliquer en cours de chemin. De là un incroyable chaos. Souvent, l'idée juste jetée dans le monde par un individu étrange et qu'on n'attendait pas, souvent cette idée juste est entourée d'une gangue d'idées fausses mal présentées, ses affirmations comportent des contradictions qu'il n'aperçoit pas lui-même, des erreurs de logique dont il ne se préoccupe pas ; il est anxieux seulement du but qu'il devra atteindre de telle sorte que le novateur, assez vite, se prend à son propre jeu. S'il est cru, c'est qu'il est le premier à croire en lui-même et c'est dans la confiance qu'il a en soi qu'il trouve sa véritable force persuasive. Le certitude qu'il a lui-même de tenir et d'enseigner une vérité le porte par un sentiment d'infaillibilité absolue et autoritaire à s'estimer supérieur à tous les autres de telle sorte que, avant d'étonner les autres, il s'étonne lui-même, il est frappé de son intelligence, il est frappé de ce que personne avant lui n'avait atteint les mêmes cimes, n'avait eu les mêmes idées. Il découvre tout à coup que pour parvenir à ce qu'il enseigne et à ce qu'il croit être la vérité qu'il vient de trouver, il faut qu'il soit favorisé par quelque inspiration particulière et le voilà qui tout doucement se trouve brusquement hors de l'Humanité. Il se persuade qu'il a été touché par quelque grâce merveilleuse, il se persuade qu'il a été éclairé par quelque lumière surnaturelle, son imagination s'exalte, il a des visions et il vaticine. Il devient prophète, il n'est plus que l'interprète des volontés d'esprits supérieurs et c'est un illuminé. Voilà comment, à partir de cette illumination, il commence à parcourir le monde. Il est aveugle en ce qu'il ne voit aucune difficulté, il est clairvoyant en ce que dans son délire il a parfois des éclairs de prescience, il est frénétique, il pense que rien ne l'arrête dans l'accomplissement de sa mission.

(*) erreurs de la présentatrice tant dans le nom que dans le titre. L'ouvrage de maître Garçon s'intitule : Berbiguier, Défenseur de l'Ordre des farfadets dévastateurs tandis que le titre du livre de Berbiguier s'intitule Les Farfadets.

3.
et il va s'établir en Avignon en 1787. Il avait une femme de ménage qui s'appelait La Marotte qui, un jour qu'il avait mal à la tête, l'emmena chez une tireuse de cartes qui s'appelait Jeanneton de la Valette. On lui banda les yeux et on lui fit tirer les tarots. [Elle lui prédit ?] qu'il aurait dans la vie de grandes épreuves à traverser et, la nuit suivante, il entendit dans sa chambre un bruit extraordinaire. Il alluma sa chandelle et ne vit rien. Il éteignit sa chandelle et, au-dehors, on eût dit des rugissements de lion. Le lendemain il se plaignit à sa femme de ménage qui lui dit qu'il était un visionnaire, qu'il n'y avait rien eu. Il retourna chez la sorcière. La sorcière lui tira de nouveau les tarots et, dans la nuit, il y eut un orage et une bourrasque et une chatte sous le lit, preuve que la sorcière s'était transformée et était là pour le surveiller au milieu des ..?.. Il voulut sortir, il pleuvait. Lorsqu'il restait chez lui, le ciel devenait beau, preuve surabondante que les éléments étaient déchaînés contre lui. Il songe au suicide. Ce jour, le ciel s'ouvrit et il aperçut le Christ qui était sur un trône resplendissant de diamants, de rubis et de pierres précieuses et qui lui fit, dit-il, un geste d'encouragement. Voilà ce qui le conduisit à penser que le maître du monde le destinait à lutter contre les farfadets. Il vint à Paris. À Paris, il s'installa tout près d'ici, 54 rue Mazarine, à l'hôtel Mazarin tenu par monsieur Rigal (?). Si vous voulez savoir ce qu'était la rue Mazarine à cette époque, ouvrez Balzac dans La Rabouilleuse. Un des plus horribles coins de Paris est certainement la portion de la rue Mazarine à partir de la rue Guénégaud jusqu'à l'endroit où elle se réunit à la rue de Seine derrière le palais de l'Institut. Les hautes murailles grises du Collège de la Bibliothèque que le cardinal Mazarin offrit à la ville de Paris où oserait un jour se loger l'Académie Française jettent des ombres glaciales sur ce coin de rue. Le soleil s'y montre rarement, la bise du nord y souffle. Devant cette maison, la maison de madame Bridau, s'élèvent les bâtiments de l'Institut où se trouvaient alors les loges des animaux féroces connus sous le nom d'artistes par les bourgeois et sous le nom de rapins dans les ateliers. On y entrait rapin, on pouvait en sortir élève du gouvernement. Cette opération ne se faisait pas sans des tapages extraordinaires. Le quartier à cette époque, c'était l'empire des étudiants, le Quartier Latin, ce quartier dont on a dit quelquefois qu'on le dédaigne à vingt ans pour le regretter ensuite toute sa vie. L'étudiant qui débarquait des Messageries s'installait dans un des hôtels entre le Pont-Neuf et la barrière d'Enfer. Les hôtels y étaient nombreux dans la rue de la Harpe et dans la rue Saint-Jacques, dans la rue Guénégaud et Mazarine. Les hôtels, c'était des lieux de liberté par excellence pour l'étudiant, c'était là que l'étudiant ... une chambre, jouait du cor et chantait des ... Tout de même l'étudiant de 1815-1818 était un étudiant studieux.



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