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Titre : | Commentaire sur la mort de Suzanne Lenglen, première star internationale du tennis féminin |
Interprète(s) : | Anonyme(s) ou interprète(s) non identifié(s) |
Genre : | Reportage : entretien |
Fichier audio : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 30 cm aiguille (enregistrement électrique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | Pyral zinc – Radio Luxembourg |
Numéro de catalogue : | 2313-1006 |
Numéro de matrice : | Py2068 |
Date de l'enregistrement : | 1938-07-04 |
Vitesse (tours/minute) : | 78 |
Matériel employé au transfert : | Stanton 150, SME-Clément, pointe 2,2ET sur Shure M44, Elberg MD12 : courbe Westrex, Cedar X declick, decrackle |
Date du transfert : | 16-05-2019 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. |
Texte du contenu : | Commentaire sur la mort de Suzanne Lenglen, première star internationale du tennis féminin
Et voici l'actualité du journal Le Journal : Ce matin à 6 heures, Suzanne Lenglen, une des plus grandes figures du sport français, du sport international même, est morte. Ce que fut la grande championne de tennis, ce que fut la femme, ce qu'elle représentait pour le public et aussi pour ses amis, c'est ce que va nous dire son historiographe, monsieur Faure-Biguet. - Je pense que tous ceux qui ont connu Suzanne Lenglen l'ont beaucoup admirée et l'on beaucoup aimée. Elle avait eu je ne dirai pas cette chance car son génie avait commencé par une longue patience mais ce bonheur de connaître la réussite la plus éclatante au sortir de l'enfance. Je crois bien que c'est à 11 ans qu'elle avait gagné son premier championnat et depuis lors elle n'avait cessé d'accumuler les victoires les plus difficiles et les plus charmantes car son jeu, fait d'une précision, d'une finesse et d'une mesure jamais défaillantes mettait toutes les élégances du style au service d'une puissance qui restait toujours féminine. Sans doute était-ce là l'un de ses secrets. Certaines femmes après elle ont joué comme des hommes. Elle a toujours joué au tennis comme une femme. Elle était celle qui jouait le mieux de toutes les femmes dans le monde entier. Sans aucun doute son succès a fait beaucoup à la fois pour le prestige de la France et pour l'acclimatation du tennis. On aime toujours les choses que l'on fait bien. On s'est mis en France à aimer le tennis quand on a pu l'aimer à travers Suzanne Lenglen. Mais aujourd'hui, hélas ! que ses yeux qui suivaient d'un regard si aigu le vol de la balle blanche et qui mesuraient si justement les quelques centimètres du terrain où il convenait qu'elle la renvoyât, aujourd'hui que ses yeux sont éteints, on voudrait surtout ne penser qu'à elle, à son entrain, à son rire, à cette animation qu'elle avait dans la vie et qu'elle mettait dans ses relations avec ses amis. Je me souviens de ces matchs de jadis sous l’œil de son père qui l'avait fait travailler avec une patience et une intelligence du jeu admirables, sous l’œil aussi de sa mère qui ne la quittait guère et assistait aux parties avec le petit chien que Suzanne aimait. Car elle aimait beaucoup de choses en dehors du tennis, ses amis, la radio, la danse, sa petite auto qu'elle conduisait avec tant d'intrépidité qu'elle attrapait plusieurs contraventions par semaine et alors elle nous téléphonait pour les lui faire enlever. Quand Suzanne entrait sur le court, mince et longue, à la fois nerveuse et souple, elle avait déjà gagné. Elle ne pouvait pas ne pas gagner. Il y avait entre elle et sa raquette, entre les mouvements de ses membres et sa volonté, une harmonie si juste qu'elle devenait le tennis lui-même. C'est un privilège que n'ont pas tous les champions. Il n'est guère que le grand Tilden qui nous ait donné la même sensation. On sait son histoire, ses triomphes, le fameux match de Cannes contre Helen Wills, comment elle passa, professionnelle, devant des offres qu'on ne pouvait refuser, sa retraite enfin, si l'on peut appeler retraite cette animation toujours en éveil pour la formation des futurs joueurs français. Il y a moins d'un an, j'étais allé la voir au milieu de son école. Elle enseignait avec une précision et une ardeur merveilleuses. Ravissant spectacle que celui de cette femme encore très jeune et qui n'avait rien perdu de sa ligne en train de modeler dans l'air insaisissable les mouvements des élèves attentifs. Alors, me demanda-t-elle au moment du repos, qu'est-ce que vous en pensez ? Je pense, lui dis-je, que vous faites du bon travail. Je l'espère, répondit-elle seulement. Mais son visage était éclairé d'un sourire, un sourire lumineux que j'avais déjà vu car c'était le même qu'elle avait après avoir triomphé dans une grand épreuve. |
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