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Création : Charlus (1903) - reprises : Gavrochinette, Norelly (et d'autres dont les noms sont illisibles sur la pochette de la partition)
Paroles : Georges de Nola - Musique : Eugène Daulnay - Éditeur : Marcel Labbé, Paris
Quand Pierre le charron dut quitter l' village
Afin d' s'en aller pour vivre à Paris
Il laissa chez lui sa fille qu'était sage
Et qui n'avait pas encor de mari
Joséphine, dit-il, tu vois, si j' te quitte
C'est parce qu'avec moi j' t'emmène pas sûr'ment
Mais mon souvenir te rest'ra, petite
J' te laisse ma vieille montre en argent
Quand il fut parti, elle se désespère
Elle pleure à chaudes larmes, elle fait qu' sangloter
En r'gardant l'oignon d' son brave homme de père
On sait qu' les oignons font toujours pleurer
Et puis, fille ingrate, sans se faire un r'proche
Elle s'en fut un jour, toujours en pleurant
Changer son oignon contre une jolie broche
Une jolie p'tite broche en argent
Quand elle eut l' bijou, la fille à Jean-Pierre
Se dit : J' suis jolie, bien faite, c'est certain
J'ai des gros nichons, c'est pas d' la p'tite bière
J' fais faire comme les autres, j' vais dev'nir catin
Comme elle n'avait pas les yeux dans sa poche
Elle échange des r'gards, échange des serments
Et son amoureux lui changea sa broche
Pour un p'tit couteau en argent
Mais hélas ! tout passe, tout casse en c' bas monde
Et l'on ne peut pas toujours s'adorer
Quand son amoureux vit qu'elle était ronde
Il lui dit : Ma p'tite, faut nous séparer
On va tous les deux reprendre sa parole
Mais comme je n' suis pas un garçon changeant
Je r'prends mon couteau, j t' laisse la virole
La jolie virole en argent
Depuis, la pauvre fille à c' pauvre Jean-Pierre
Elle est à Paris, è' s' donne bien du mal
Elle n'y pass'ra pas sa vie tout entière
P't-être qu'elle y mourra, moi j' m'en fous pas mal
Jean-Pierre, il est mort avec sa médaille
Elle, c'est bien plus triste, elle n'a pas seul'ment
Ni l'oignon d' son père ni broche de fiançailles
Elle n'a qu' la virole en argent