Paroles : Vincent Scotto, Émile Gitral - Musique : Vincent Scotto - Éditeur : O. Dufrenne, Paris (1918)
Un jour, sur le boulevard, un monsieur très honnête
Pris d'un besoin pressant se tenait les côtelettes
Il souffrait le martyre et ne pouvait vraiment
Desserrer les deux jambes de peur d'un accident
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
Il restait là planté, se sentant ridicule
Mais n'apercevant pas le plus p'tit édicule
Il se sentait faiblir et, perdant tout espoir
Il n' savait où fourrer son petit arrosoir
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
Soudain, dans son esprit, une idée lumineuse
Lui fit profiter d'une voiture de blanchisseuse
Et d'un suprême effort, se traînant jusque-là
Derrière la roue de droite bien vite il s'abrita
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
Alors, fermant les yeux, dans un bonheur immense
Il put connaître enfin les joies d' la délivrance
Il n'avait pas encore eu le temps de finir
Que soudain la voiture se mit à déguerpir
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
Usant de son chapeau comme protection suprême
N' pouvant plus se r'tenir, il continuait tout d' même
Mais un agent survint et, d'un air belliqueux
Sans lui dire un seul mot, l'empoigna par la q… par la nuque
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
Il l'emmena d'un trait devant le commissaire
Qui lui dit "À nous deux ! Je viens d' voir votre affaire"
L'agent qui l' conduisait, en fronçant le sourcil
Dit "Monsieur l' commissaire, moi je l'ai vue aussi"
Il se disait "Sapristi, ça n' va guère"
Il se disait "Sapristi, ça n' va pas"
"Quelle est votre profession ?" lui dit le commissaire
"Moi, mais je suis votre député, monsieur de la Rombière !"
"Oh, mince ! dit l' commissaire, en r'tirant son melon
Monsieur le député, allez-y, à votre disposition"
"Il est trop tard, monsieur le commissaire
Car, maintenant, c'est dans mon pantalon"