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Titre :Attention à l'alcool
Interprète(s) :Garçon, Maurice
Genre :Discours de circonstance
Fichier audio :
Photo(s) :Photo
Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :Ligue française de l'enseignement (fédération de S. et O.) - Collection scolaphone - enregistrement VEG-∆
Numéro de catalogue :Série hygiène B.J.30
Inscriptions complémentaires :14-2-32
Date de l'enregistrement :1932
Instruments :Monologue
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Stanton 150, pointe 2,2ET sur Shure, Elberg MD12 : courbe Westrex, Cedar duo declickle
Date du transfert :04-10-2024
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Action sociale, Franc-maçonnerie
Texte du contenu :Attention à l'alcool

Maurice Garçon

Ligue française de l'enseignement (fédération de S. et O.) - Collection scolaphone - enregistrement VEG-∆, Série hygiène B.J.30, (1932).


Pendant quelques mois sur les murs de Paris, un peu au hasard dans tous les quartiers, un inconnu a tracé à la crainte avec une obstination incroyable,ce simple avertissement, "attention à l'alcool". On eut dit qu'il voulait baliser les rues de la capitale, comme les sociétés de tourisme placent le long des routes des indications révélatrices des obstacles et des dangers.
La volonté si ferme d'un isolé anonyme qui modestentement et avec un moyen de fortune semblait avoir entrepris seul une véritable croisade, était digne d'intriguer.
L'homme ne se cachait pas. Parcourant les rues à pied, il s'arrêtait au hasard, inscrivait sa formule et continuait son chemin. Interrogé un jour sur la raison de son entreprise, il expliqua qu'il obéissait à un devoir impérieux. Fils d'un alcoolique que son vice avait conduit au crime et qui vieillissait au bagne, il vivait seul avec l'horreur d'avoir vu sa mère assassinée au cours d'une scène d'ivresse paternelle et portait lui-même la lourde charge d'une hérédité qui l'avait dès le berceau accablé de tares physiologiques : épileptique, demi-tuberculeux il n'avait pu fonder de famille, était sans cesse arrêté dans son travail et menait une vie pitoyable pleine de souffrances et dépourvue de joie.
Une pareille misère si consciente des causes de sa déchéance et désireuse de jeter à travers la ville un cri déchirant est digne de provoquer les méditations.
Malgré les avertissements répétés, on ne prend point assez garde aux méfaits de l'alcool. Sans doute une grande majorité sait que l'alcoolisme est une plaie et le répète. Mais parce qu'il y a des degrés, trop de gens croient que le danger n'est couru que par les autres, entre l'ivrogne invétéré dont l'ivresse quotidienne ou périodique cause un scandale public et l'homme élégant qui entretient cette pointe d'alcoolisme mondain dont parlait naguère un médecin célèbre, il y a sans doute une différence mais elle est souvent plus apparente que réelle.
L'alcoolique est un bourreau de soi-même. Délibérément et volontairement, il détruit son organisme et le rend en tout cas moins capable de se défendre contre la maladie. Impulsif et irritable, il perd peu à peu le contrôle de soi-même. Il constitue le fond de la population des prisons
et même lorsqu'il échappe à la criminalité, il perd son adaptation à la vie sociale.
On a pu dresser un horaire des accidents d'automobile. Ils sont plus rares aux heures où l'estomac est vide, c'est après le repas et à l'heure de l'apéritif que les vitesses s'accélèrent et que les chauffeurs parcourent redoutables et quasi inconscients, les routes où il causent de déplorables catastrophes.
L'alcoolique est un danger aussi pour les autres. Dans son égoïsme, il perd la notion du respect de la vie d'autrui. Celui qui ne boit pas est, pour reprendre l'exemple de la route, à la merci du conducteur qui a pris sa hardiesse au fond de quelques verres. L'alcoolique est un danger social.
Ses enfants naissent rachitiques et leur mortalité est grande. Les mères qui boivent ne peuvent allaiter. Les fils de buveurs sont prédisposés à la tuberculose. Le pays tout entier en devient la victime. L'alcool, par certains côtés, fait autant de ravages que la guerre.
Aussi comprend-on toute l'angoisse et la grandeur de cet inconnu qui, victime lui-même d'une effroyable hérédité, parcourt les rues, voit les débits nombreux dont les tables encombrent parfois jusqu'aux trottoirs, assiste avec effroi, à la lente dégradation des autres, et jette son cri d'alarme impuissant.
Jamais on ne répétera trop les dangers de l'alcool. Jamais, on s'élèvera assez contre l'insolente indifférence générale. C'est à répéter une formule simple et vraie et qu'on la fait bien pénétrer : attention à l'alcool, l'alcool est un poison, l'alcool tue.



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