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Titre :31 juillet 1914, chant funèbre pour le tribun tombé, poème de Maurice Pottecher, dit par Firmin Gémier
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Pottecher, Maurice
Interprète(s) :Gémier, Firmin
Genre :Témoignage historique
Fichier audio :
Photo(s) :
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Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :La voix des nôtres
Numéro de double-face :DR802
Numéro de catalogue :VN108
Inscriptions complémentaires :10-6-31
Date de l'enregistrement :1931
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Stanton 150, pointe 3,2ET sur Shure, Elberg MD12 : courbe Westrex, Cedar duo declickle
Date du transfert :05-10-2024
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Première Guerre mondiale, Grande Guerre, 1914-1918, France. Assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain
Texte du contenu :Chant funèbre d’un tribun tombé, 31 juillet 1914, poème de Maurice Pottecher

Voici la bouche close et les yeux refermés,
La bouche d’où l’essaim sonore
Des mots retentissants et des mots enflammés
S’élançait comme un vol d’abeilles dans l’aurore
Sur les amandiers parfumés.

Les voici clos, les yeux tout rayonnants de vie
Et d’une inextinguible ardeur,
Où régnait la bonté par la force servie,
Où la malice souriait dans la candeur
Et la pitié pure d’envie

Ce cœur s’est arrêté, si naïf et si grand,
Qui battait pour des milliers d’autres,
Qui reforgeait le monde en le transfigurant
Et qui mêlait à la tendresse des apôtres
La volonté d’un conquérant

Le mot harmonieux, la phrase cadencée,
Fleurs brillantes du sol latin,
Qui tissaient un manteau de grâce à sa pensée.
C’en est fait. Un seul geste, et ce souffle est éteint,
Cette voix à jamais glacée.

Peuple, tu savais, toi, de quelle foi d’enfant
Cette âme robuste était pleine,
Quel amour animait ce verbe réchauffant,
Alors qu’on l’accusait de répandre la haine
Contre le Baal triomphant.

Et c’était en ce cœur ouvert à la souffrance
Hanté de nobles visions
Ton idéal lointain et rayonnant, ô France,
Avec sa beauté même et ses illusions
Qui chantait son chant d’espérance.

Il tombe, tout sanglant, dans son rêve détruit,
A l’heure où la mort déchaînée
Dresse sur l’univers sa grande faux qui luit
Qu’on couche en son cercueil la paix assassinée
Ce soir d’épouvante, avec lui.

Mais le rêve survit à l’homme qui succombe.
Il a l’éternité quand nous n’avons qu’un jour.
O grand cœur ! le rameau qui fleurit sur ta tombe
Mêle au pâle olivier qu’apporte la colombe
Une pourpre de sang, de justice et d’amour.

L’horizon reste noir et la terre farouche,
Les yeux de la pitié sont pleins encore de pleurs.
Mais voyez, sur ce lit sanglant où l’on te couche
Les butineuses d’or qui volaient de ta bouche
Vont, immortel essaim, féconder d’autres fleurs.

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Note de Jacqueline Lalouette, publiée sur :
https://shs.cairn.info/jean-jaures--9782262036614-page-295

Ce poème est composé de neuf quintils (strophes de cinq vers sur deux rimes alternées [abaab]), sept composés d’une alternance d’alexandrins et d’octosyllabes et deux d’alexandrins. Il a été reproduit dans Le Travailleur savoyard du 23 août 1919. Le Cri (organe de la SFIO des arrondissements de Saint-Quentin, Laon et Vervins) l’a également publié le 1er août 1931, avec une erreur, le nom du dieu de la mythologie phénicienne (dernier vers de la cinquième strophe) ayant perdu un a.

Voir aussi :

Jacqueline Lalouette : Jean Jaurès - L'assassinat, la gloire, le souvenir, Perrin, 2014, 384 pages. Extraits disponibles sur : https://shs.cairn.info/jean-jaures--9782262036614



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