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Titre : | Le clown |
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Villard, Nina de |
Interprète(s) : | Coquelin, Ernest (Coquelin Cadet) |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 25 cm aiguille (enregistrement acoustique) |
Lieu d'enregistrement : | Paris, France |
Marque de fabrique, label : | Gramophone and Typewriter |
Numéro de catalogue : | GC-31111 |
Numéro de matrice : | 1557-f-I |
Date de l'enregistrement : | 1903 |
Vitesse (tours/minute) : | 74 |
Matériel employé au transfert : | Stanton 150, pointe 1,0CT sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe flat, Cedar X declick, decrackle |
Date du transfert : | 18-02-2025 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. |
Texte du contenu : | Le clown
À Coquelin-Cadet. C'est relâche ce soir, et j'en profite, amis, Me trouvant libre et correctement mis, Pour vous dire en deux mots ma singulière histoire. J'ai commencé mes tours au bord d'un écritoire, Ah ! Dame, vous savez, on commence où l'on peut. J'ai fait beaucoup de vers dont on se souvient peu, J'ai célébré l'éther, l'Océan, la mouette, La forêt, l'arc-en-ciel, l'amour: j'étais poète ! De ma jeunesse en fleurs tel fut le clair matin Mais la vie est un ring où souvent le patin Nous emporte bien loin du but, erreur suprême ! J'ai traîné l'habit noir du solliciteur pâle blême Qui cache un manuscrit lourd, j'ai connu l'horreur De l'antichambre où l'on attend qu'un directeur Ait fini de... causer avec des ingénues. J'ai vu naître et mourir bien des jeunes revues, Et j'ai noctambulé triste, hagard, crotté, Vêtu pendant l'hiver de jaquettes d'été, Et d'ulsters poussiéreux pendant la canicule. Mais un jour, lassé d'être un martyr ridicule, Pour dompter le public il faut, me suis-je dit, Inventer quelque truc aussi fort qu'inédit. Alors j'ai dédaigné les ornières connues, Que suivaient les anciens pour aller jusqu'aux nues ; Et, pour mieux m'écarter des vulgaires chemins, À la postérité j'ai marché sur les mains. Je suis le clown moderne et froid, ma jambe maigre, Comme un piment confit longtemps dans du vinaigre, A d'étranges zigzags où le songeur se plaît ; Je sais poser mon front pensif sur mon mollet, En faisant de petits bonjours de la bottine À la brune ambrée, aux senteurs de veloutine, Qui profile son galbe aimable aux promenoirs. Je vois s'illuminer les yeux verts, bleus ou noirs, Quand, au son du hautbois, de mon orteil senestre Je mouche élégamment le nez du chef d'orchestre. Je porte une perruque écarlate, un maillot Tout zébré de dessins fantasques, dernier mot Des gommeux du tremplin; mon sourcil circonflexe Abrite mon regard qui trouble l'autre sexe. Je suis le roi des désossés. Comble de l'art, Je rase une table en faisant le grand écart, Comme un rameur véloce en une périssoire, J'improvise des pas sur une balançoire ; Les applaudissements gantés me sont acquis, Quand je jongle avec des couteaux, d'un air exquis. Brillant d'une gaîté féroce et japonaise, Tantôt guépard, tantôt boa, tantôt punaise Je sais bondir, ramper, m'aplatir chaque soir, Et ce qui sert aux autres hommes pour s'asseoir Me sert à moi, le clown rêveur, de mandoline, Pour ma chanson sans mots, sans notes, mais câline. Je n'ai plus rien d'un homme - et je reprends mon rang De descendant direct du père orang-outang. D'être son petit-fils je sens si peu la honte Que vers ce grand aïeul fièrement je remonte. Loin de répudier sa haute parenté, Je le prends pour modèle, et c'est ma vanité, Qu'on dise quand, rasé, ganté de frais, le linge Éclatant de blancheur, je parais: « Tiens, un singe ! » - - - - Le texte original présente des différences notables, à découvrir notamment sur https://fr.wikisource.org : |
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