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Titre : | Sur le métier de pilote d’essai, entretien avec le colonel Rozanoff, directeur des essais en vol chez Marcel Dassault |
Interprète(s) : | Rozanoff, Constantin |
Fichier audio : | |
Photo(s) : | |
Support d'enregistrement : | Disque |
Format : | 30 cm aiguille (enregistrement électrique) |
Lieu d'enregistrement : | Melun-Villaroche |
Marque de fabrique, label : | Pyral alu - Radio Luxembourg |
Date de l'enregistrement : | 1953-11-15 |
Vitesse (tours/minute) : | 78 |
Matériel employé au transfert : | Stanton 150, pointe 3,0ET sur Shure, Elberg MD12 : courbe Westrex, Cedar duo declickle |
Date du transfert : | 19-05-2025 |
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. Constantin Rozanoff (1905-1954). Aéronautique, aviation |
Texte du contenu : | Sur le métier de pilote d’essai, interview du Colonel ROZANOFF directeur des essais en vol de la société des avions Marcel Dassault par un journaliste non identifié :
« Colonel ROZANOFF vous êtes directeur des essais en vol de la société des avions Marcel Dassault. Quel est le rôle du pilote d’essai dans la mise au point des appareils ? » le Colonel ROZANOFF : « Chez le constructeur le pilote d’essai porte évidemment la très lourde responsabilité d’une machine qui représente non seulement l’avenir de la maison, mais quelques fois même l‘avenir du pays entier. Il a donc à faire extrêmement attention dans ses recherches et son rôle est au début d’être extrêmement prudent de façon à étudier la machine avec le minimum de risque pour la machine. Je ne parle pas de lui-même. Il a son métier qui est très beau. Il l’aime. Il sait les risques qui l’attendent. Il doit les accepter avec sérénité. Mais il n’a pas le droit de sacrifier la vie de la machine d’une façon inconsidérée. Son existence est liée à celle de cette machine qui représente tant de choses. Pour que le travail soit le plus fructueux possible, il faut évidemment que le pilote d’essai comprenne ce qu’il doit faire et non seulement le comprenne mais sache dans un ordre d’essais qui lui a été suggéré ou qu’il a lui-même élaboré, sache modifier certains points en vol compte tenu de circonstances atmosphériques, du comportement de la machine, des résultats même qu’il a pu obtenir, de façon à rendre le maximum à un vol d’essai. En effet, il serait désolant qu’un pilote parce qu’il a mal compris ou qu’il n’a pas l’instruction technique nécessaire, redescende en disant j’avais un palier à faire à telle altitude. Ca tabassait alors je suis redescendu. C’est un vol fichu. Nous n’avons pas le droit étant le prix d’une machine qui décolle au bout d’une piste après que des centaines d’ingénieurs, techniciens, d’ouvriers aient travaillé dessus, nous n’avons pas le droit de faire un vol pour rien. Ce que je demande et ce qu’il faut exiger d’un vrai pilote d’essai c’est d’avoir une forte culture technique qui lui permette de discuter d’abord d’une façon saine avec les ingénieurs qui ont conçu la machine. Pour qui cette machine représente leur cerveau, leur vie, en discuter et pouvoir prendre en vol des décisions que seul il est capable de prendre. Car au sol, les gens qui sont dans le bain sont suspendus à la voix du pilote et n’osent rien lui dire car après tout le pilote pourrait dire « écoutez, allez donc y voir ». En conséquent, il faut que le pilote ne soit pas un robot ou qu’il soit un robot pensant. Pardonnez-moi le lapsus » le journaliste : « donc Colonel il faut à la fois une culture technique supérieure et une connaissance des manipulations de l’appareil, une connaissance de vol, des heures de vol, de longues heures n’est-ce-pas ? » le Colonel ROZANOFF « Oui, il faut évidemment être très bon pilote. Toute fausse modestie mise à part, il faut évidemment qu’une machine de ce prix-là, de cette importance là ne soit pas confiée à un débutant bien entendu. Et d’ailleurs dans cette catégorie de pilote, j’ai déjà fait depuis longtemps mon mea culpa. Je suis assez vieux dans le métier pour en parler sans qu’on puisse me taxer d’orgueil, il faut évidemment comme un violoneux peut faire grincer son violon comme un artiste peut le faire chanter agréable, il y a le pilote qui lest e pilote tout venant. Il y a le pilote qui a la foi, la petite étincelle. Et parmi ceux qui ont la petite étincelle, il y a celui qui a de la veine, parce qu’il faut bien à un moment donné faire acte de contrition. L’expérience est une suite de coups durs encaissés heureusement. Et quelques fois d’extrêmement brillants pilotes ont vu leur carrière brutalement arrêtée par un coup de pas de veine ». |
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