Ferdinand : Ah ! chouette ! voilà un compartiment de libre. Montons.
Adèle : T'as pas perdu les billets ?
F : Non, mon trésor
Contrôleur : En voiture, s'il vous plaît !
A : À quelle heure part le train, monsieur ?
C : Dans une minute, madame.
A : Oh ! quel est tout ce monde ?
F : Tiens, c'est l'orphéon de Trifouillis-les-Patates. Regarde, c'est écrit sur leur bannière.
A : Ils prennent le même train que nous.
(Hé, Adonfe, viens par ici, il y a de la place !)
F : Pourvu qu'ils me montent pas dans notre compartiment…
C : Allons, en voiture, dépêchons-nous, allons ! En voiture les fils de Puteaux et les enfants de Garches, là ! Attention à la portière !
F : Enfin seuls
(Au revoir, adieu ! adieu Pitalugues ! Hissez-moi, coquin de Dieu, hissez-moi, petits hissez-moi !)
F : Alors, votre mari a bien voulu vous laisser partir seule ?
A : Oh ! je ne lui ai pas dit, évidemment, que c'était avec vous.
F : Il a coupé dans votre histoire ?
A : Oui, je lui ai dit que je partais pour Béziers avec un membre de la famille.
F : Et qu'a-t-il répondu ?
A : Il a dit : Bon voyage
F : Ah ! ah ben, il ne pouvait pas dire mieux, ce bon Joseph.
(Il est cocu, le chef de gare, il est cocu, le…)
F : Tiens, l'orphéon est dans le même wagon que nous.
(Il est cocu, le chef de gare, il est cocu, le…)
A : Mais ils en font un de potin !
F : Ça n'a pas d'importance, on s'en fiche, on est bien tranquilles tous les deux dans notre compartiment, personne ne peut venir nous déranger, n'est-ce pas, ma crotte dorée en celluloïd.
A : Oui, mon amour en aluminium.
F : Oh ! Adèle, t'es belle
(Adèle, t'es belle, j'en pince pour tes gros nichons)(1)
A : À qui ces beaux petits noenoeils, ce tout petit nasiau et cette petite bouche en cul de poule ?
A + F : C'est à moi !
A : Dites donc, Ferdinand, vous savez, je vous aime parce que vous êtes un garçon aimable et puis là sans façons...
F : Oui, à la bonne franquequette, quoi. Aussi j'en profite pour vous embrasser.
A : Oh ! prenez garde ! Et si l'inspecteur venait ?
F : Le contrôleur ? Mais on ne contrôle jamais sur cette ligne. Allons, embrasse-moi.
(Embrasse-moi, Ninette, embrasse-moi, j' veux pas qu' tu m'embrasses sur la bouche) (2) (3)
A : Oh, non, non ! s'il vous plaît, c'est pas sérieux ! Quelle heure est-il ?
F : Midi
(Je te ferai voir mon serpent à sonnette) (4)
A : Oh, non ! pas ça, voyons ! oh ! tu m' chatouilles, tu m' chatouilles !
F : Oh ! mais c'est si bon, laisse-toi faire.
A : Oui, mais si on nous voyait…
F : Qui ? les vaches dans les prés ? allons, viens
(Ah ! viens, Ah ! viens, viens dans mon aéroplane)(5)
A : Oh, non ! Ferdinand, non, je ne veux pas
F : Si !
(Non, je n' marche pas, non, je n' marche pas)(6)
A : Oh ! mon petit Ferdinand
C : Mézidon-le Petit ! Tout le monde descend !
(brouhaha de foule)… Hé, dis donc, Adonfe… Adonfe !)
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sur l'air de :
(1) Adèle, t’es belle (Brun - Guéteville - 1894)
(2) Ma Ninette (Roydel, Perrand - Guille - 1901)
(3) Pas sur la bouche (Le Peltier - Sablon - 1905)
(4) Je te ferai voir (La Tulipe - Spencer - 1905)
(5) Dans mon aéroplane (Christiné, Christien - Fragson - 1908)
(6) Non ! je ne marche pas ! (Mas - Taillefer - 1902)