Il y avait deux larbins, dit-on
Là-bas, rue de la Pépinière
Qu’auraient pu remplacer naguère
De saint Antoine le compagnon
Renard, homme plein de courtoisie
Et très habile de ses doigts
Apprenait au jeune Courtois
À se retourner dans la vie
Renard montrait chaque matin
À Courtois qu’était un peu bête
Comment on se sert d’une tapette
Quand on veut battre des coussins
Mais son cerveau plein de lacunes
Ne se rappelait jamais de rien
Et souvent Renard sentait bien
Que Courtois était dans la lune
À quatre heures, afin de goûter
Tous deux allaient à la cuisine
Se faire du thé, on le devine
Car ils adoraient ça, le thé
Ensuite, se mettant à leur aise
Ils s’occupaient près du fourneau
À préparer des tournedos
À la sauce très mayolaise
Quand Courtois faisait des potins
Chez les voisins ou les voisines
L’autre venait derrière en sourdine
Afin d’ lui en boucher un coin
Si Renard parlait au concierge
Ce n’est pas concierge qu’il l’appelait
Car la moitié le dégoûtait
Il l’appelait simplement : cierge
Ici se termine ma chanson
Sur cette croustillante affaire
Vous ne m’en voudrez pas, j’espère
De n’en pas raconter plus long
Et si mes couplets satiriques
Manquent un petit peu de candeur
J’ai pensé adoucir ces mœurs
En me servant d’une musique