Paroles : Maurice Héliot - Musique : Henri Christiné
Les liquidateurs sont des gens très forts
Dans l' métier ingrat d' cultiver les poires
On peut leur confier sans crainte un trésor
Ils le rendent jamais, c'est un fait notoire
Nous avons appris par Victor Hugo
Dans des vers exquis l'art d'être grand-père
Les liquidateurs enseignent aux gogos
L'art si délicat d'être millionnaire
Pour régler des comptes, à eux le pompon
Car ils connaissent les quatre opérations
Ils savent ajouter, multiplier
Ils savent même diviser
Ils savent encor mieux qu' madame Otero
Ajouter des queues à tous les zéros
Mais où leurs talents fleuris sont
C'est dans la soustraction
S'ils n'existaient pas, rien n' marcherait plus
Y en a pas d' pareils pour la belle ouvrage
Ils sont tous d'ailleurs une veine de Capus (*)
L'ennui, c'est qu'ils font bien mauvais ménage
Dès qu' sur une affaire ils mettent le grappin
On peut être tranquille car, la chose est sûre
Ils peuvent d'un seul coup perdre les plus malins
Par mille marquis de la procédure (2)
Ce sont des oiseaux fort mal réputés
Des martins-pêcheurs, des Martin Gauthier
Des rats, des cailles à l’œil de perdrix
De la racaille aussi
Pour mieux nous prouver qu'ils sont dans l' mouv'ment
Et canaliser notre bel argent
Ils ont su prendre une voie bien française
C'est le canal de Duez
Ils ont dévoré l' domaine des Chartreux
Et bien qu' la liqueur en soit jaune et verte
Nos chers gouvernants n'y ont vu qu' du bleu
Mais n'allez pas croire qu'ils s' retrouvent en perte
Y avait des bouteilles pour plusieurs millions
Ils les ont vidées d'une façon cynique
Ils ont accompli cette liquidation
Sans l' secours d'aucune formule algébrique
Mais comme ce sont tous des gens très prudents
Ils ont envoyé un stock important
Pour s'assurer de l'impunité
À quelques députés
Et j' les félicite car c'est l' vrai moyen
D' remplacer maint'nant les fameux pots d' vin
Par du moins coûteux et du meilleur :
Des bouteilles de liqueur
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(1) La veine : comédie en quatre actes (Alfred Capus 1901)
(2) L'expression existe : cfr https://www.annales.org/archives/x/weiss.html (§5 sous la quatrième photo)