Création : Mayol (1905 à la Scala) - reprise : Dutreux (1905)
Paroles : G. Arnould, Henry Moreau - Musique : Charles d'Orvict - Éditeur : Francis Salabert - Paris [1905]
L'amour est un gamin des plus volages
Il est partout, jusque dans vos maisons
De même qu'il y a l' gaz à chaque étage
Y a de l'amour à tous les paillassons
Au p'tit sixième, pleins de tendresse exquise
Les amoureux, pour qu'on n' voie pas leur nid
À la fenêtre accrochent leurs chemises
Qu'est-ce qu'il leur reste quand ils se mettent au lit ?
Mais au cinquième, on crie, on braille, on sacre
C'est la nichée de cinq enfants têtus
Et la maman comme au jeu de massacre
Tape dans l' tas sur cinq derrières joufflus
Au quatrième, dans l' satin bleu et rose
Loge une cocotte tenant au décorum
On entre, on sort, on va, on vient, on… on cause
C'est le printemps, elle fait le maximum
L' troisième étage, celui de l'adultère
Monsieur voyage et chut ! soyons discrets
À son amant, Madame avec mystère
Ouvre sa porte et puis son cœur après
Dieu, quel chambard on fait au s'cond étage !
Les grands-parents sont sens dessus dessous
Car on attend un nouveau personnage
Que le papa a planté dans les choux
Mais au premier, c'est l' calme, le silence
Les deux époux ont soixante ans bientôt
À cet âge-là, quand l'amour recommence
C'est pour donner des coups d'épée… dans l'eau
À l'entresol, amoureuse demeure
Derrière la porte, on entend un bruit d' voix
Une petite femme dit "Ah, chéri, je meurs"
Dans la journée, elle meurt sept ou huit fois
Puis, dans la loge de madame pipelette
Se cache encore le malin Cupidon
Pendant qu'à sa femme le pipelet conte fleurette
Au bon moment, il faut tirer l' cordon
Même tout en bas, dans la cave, bien close
Les p'tites bobonnes se laissent approcher d' près
Sur le moment, elles ne voient pas… la chose
Elles n'y voient clair souvent que neuf mois après
L'amour est un gamin des plus volages
Il est partout, jusque dans vos maisons
De même qu'il y a l' gaz à chaque étage
Y a de l'amour à tous les paillassons