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Création : Georgel (1919 à l'Eldorado) - Paroles : Edgard Favart, R. Chavance - Musique : Pietro Codini - Éditeur : Codini / Dufrenne - Paris (1919)
La route, tout droit, franchit le Morin
Auprès des Marais, prodigieux chemin
Que cinq fois chassés, nos soldats superbes
Refirent cinq fois, ensanglantant l'herbe
Près du pont criblé d'obus et de balles
Un vieux bûcheron, ridé sous le hâle
M'a conté l'exploit des grands peupliers
Jadis dressés là, maintenant broyés
Avec des mots émus à graver sur le marbre
Comme d'enfants chéris, il parlait de ses arbres
{Refrain :}
Je les avais vus naître, mes beaux peupliers
Grandir vers le ciel, comme pour prier
De leurs bras tendus en vertes ramures
Sous leur ombre fraîche, aux jours étouffants
On se reposait en allant aux champs
On était fier d'eux et de leur structure…
Joignant la force à l'élégance
C'était bien des arbres de France
Mes peupliers !
Et puis, tout à coup, ce fut l'invasion
J'en aurai toujours l'horrible vision !…
Pillant et brûlant accoururent les Boches
Mais les Coloniaux guettent leur approche…
Halte-là, bandits ! À nous, la mitraille !
Et pendant trois jours gronde la bataille
Entre les fûts noirs des arbres géants
Qui, dans le péril, paraissaient plus grands
Et, redressant sa taille, avec, aux yeux, des flammes
Le vieillard, extasié, revivait tout le drame…
{Refrain :}
Je les ai vus combattre, mes beaux peupliers
Impassibles, droits et bravant l’acier
Qui trouait l’écorce et brisait les branches !
Et quand l’ennemi sur eux déferlait
J’ai cru voir leurs troncs qui s’élargissaient
Garant nos soldats contre l’avalanche…
Plus d’un lui doit sa survivance…
Ils vous ont aimés, gars de France !
Mes peupliers !