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Ne pouvant à Paris trouver une bonne
Je fis à grands frais venir de Dinan
Une petite Bretonne
Elle a l'air idiot et s'appelle Yvonne
Elle a les ch'veux rouge et son nez bourgeonne
Je la trouve très bien, je suis si content
D'avoir une bonne
Sans être pourtant Rothschild en personne
J' lui offre tout d' suite par mois trois cents francs
Et comme elle ronchonne
J'ajoute, dans la crainte qu'elle ne démissionne :
Dites-moi, que faut-il encore que j' vous donne ?
- Pour le cinéma, j' veux un aboun'ment
M'a dit la bonne
J' lui fais voir sa chambre tendue en cretonne
Avec un beau petit lit bien moelleux
Et j' lui dis : Mignonne
Vous serez là-d'dans comme une madone
Vous n' répondez pas, qu'est-c' qui vous chiffonne ?
- J' veux la chambre Empire et vot' lit d' milieu
M'a dit la bonne
Ayant remarqué que la douce Yvonne
S' trompe toujours dans l' compte de ses provisions
Alors j' m’époumone
J 'lui montre comment faut qu'on additionne
Mais n'allez pas croire que ça l'émotionne
- Ça m' suffit savouèr faire les soustractions
M'a dit la bonne
Faut voir les ragoûts qu'elle me confectionne
Quand j' me mets à table, tous les jours je crains
Qu'elle ne m'empoisonne
Je lui dis une fois : Vot' soupe n'est pas bonne
Mais voilà-t-y pas qu'elle se tire-bouchonne
- Les cochons d' cheu nous s'en sont jamais plaints
M'a dit la bonne
J'avais une maîtresse, d'ailleurs très mignonne
J'ai dû la quitter, elle s'entendait pas
Avec ma Bretonne
Et comme je m' plaignais qu' sans cette jeune personne
La vie devenait pour moi monotone
- Y faut m'épouser ou ben je m'en vas
M'a dit la bonne
Pour la conserver, j'épousai ma bonne
Mais le soir des noces, tout d' suite elle reprit
Sa figure bougonne
Et j' lui dis, craignant qu'elle ne m'abandonne :
Est-il encore une chose que t'ambitionnes ?
Et ma bonne alors me dit tranquill'ment :
Y m' faut une bonne !