 |  |
Paroles : Valentin Tarault, H. Dartois - Musique : Pierre Doubis - Éditeur : Georges Ondet, Paris (1907)
Moi, la musique, c'est ma santé
J' suis d'une nature très mélomane
Et j'éprouve quand j'entends chanter
Des choses qu'échappent pour un profane
Aussi, chaque soir, sans plus d' façon
J'aime plonger dans des flots d' musique
D'ailleurs tout l' monde sait qu'un bain d' son
C'est tout c' qu'il y a d' plus hygiénique
Mais, au Conservatoire, une fois
Je fus témoin de ce p'tit drame :
Une chanteuse s'est cassé la voix
En descendant trop vite une gamme
Une autre m'a dit, non sans culot
En m' désignant la première note
M'a dit : Tu as respecté l' do
Ça m' servira quand j' s'rai cocotte
Suffit d'avoir un peu d' bon sens
Pour dire des r'marques toutes naturelles
Ainsi, la musique de Saint-Saëns
Est chantée par les femmes sensuelles
Les brunes adorent celle de Bruneau
Car Bruneau c' n'est pas d' la gnognotte
Quant à celles qui préfèrent Gounod
Tout l' monde les appelle des gougnottes
Les jeunes filles au r'gard langoureux
Que tourmente plus d'un désir louche
S'en vont au concert Lamoureux
À moins qu' ça n' soit au concert ?ouche
Elles suivent bien aussi d' temps en temps
Le concert rose mais ça les chiffonne
Quant aux p'tits gosses en d'ssous d' quinze ans
I's préfèrent le concert colonne
L'autre soir, Bérard à Ba-ta-clan
Chantait un air à la Tzigane
Et j'ai constaté en l'écoutant
Qu'il avait un fameux organe
Dès qu'il chanta, tous les bravos
Partirent immédiat'ment d' la gauche
Et j'en ai conclu qu' son morceau
Portait principal'ment à gauche
Puis j' suis allée à l'Opéra
Où les cuivres faisaient tempête
On jouait du Wagner ce jour-là
Ça m'a foutu mal à la tête
Heureus'ment qu' près d' ces lieux malsains
J'ai pu lire sur une vespasienne
L'adresse d'un célèbre méd'cin
Pour les maladies wagnériennes