Paroles : Bertal-Maubon - Musique : Émile Spencer - Éditeur : Auguste Bosc - Paris (1913)
Un soir à la Madeleine
Une auto manque de m' renverser
À la portière, une dame, quelle aubaine
Se penche et m' dit : Montez pour la peine
Bref, m'installant près d'elle
Merci, madame, lui dis-je empressé
Appelle-moi Mimi, reprit-elle
J' préfère ça, nous serons mieux pour causer
Mimi, ma petite Mimi, oui
C'est un joli nid, votre taxi
J'y passerais bien mes jours et mes nuits
Mimi me répondit : Ah oui
Mais si, toute ta vie, on te remarquait
Qu'est-ce que ça t' coûterait !
Ben vrai
Vous êtes adorable
Nous allons descendre si ça vous plaît
J' vous offre à souper, lui dis-je, aimable
Inutile, fait-elle, je mets la table
Sortons d' sous la banquette
Du champagne, des assiettes, du poulet
Veux-tu l'aile ? fit la poulette
Je réponds : non, la cuisse me suffirait
Mimi, ma petite Mimi, dis
C'est un joli nid, ton p'tit taxi
Mon cœur brûle pour toi, m'amour chéri
Mimi me répondit : Ah oui
Si t'as l' cœur brûlant, j' vais, mon Jésus
Chauffer mes pieds d'ssus
Veux-tu ?
Au dessert, l'âme en fête
Je lui dis, dans un brûlant bécot :
Devant tout c' qui m'arrive, je perds la tête
Et les bras m'en tombent, ma bichette
J' te l' donne, mon cœur qui flambe
Et ma bouche mais elle me dit : Coco
Si tu m' donnes aussi ta jambe
T'auras l'air d'être coupé en morceaux
Mimi, ma petite Mimi, dis
Il manque dans l' taxi un bon p'tit lit
Pour monter au septième ciel, chérie
Mimi me répondit : Ah oui
J' monte pas si haut qu' ça, on s' casse la fiole
J'aime mieux l'entresol
Ça colle !
Soudain en pleine vitesse
Une panne nous arrête comme par hasard
Elle me dit : Chéri, comme le temps presse
Va pousser derrière. Vite je m'empresse
Je retire ma jaquette
Et j' descends pour pousser, mais dare-dare
L'auto file comme la tempête
M' laissant en bras d' chemise sur l' boulevard
Mimi, ma petite Mimi, eh dis !
Ah, c'est inouï
J' laisse dans l' taxi
Ma jaquette, mon portefeuille garni
Mimi, de loin me crie : Ah oui
Je trouve un fourneau qui m' sert de poire
Comme ça tous les soirs
Au revoir !