C'était samedi, jour de la paie
Dupif, un copain d'atelier
Me dit "Mon vieux, faut qu'on s'égaie
Prenons d'abord un bon d'mi-s'tier" *
Bref, vers minuit, un peu malades
On s'amène chez la mère Gaspard
On y retrouve des camarades
Qui chantaient faisant du pétard :
"Mère Gaspard, si la police vient
Vous nous cacherez dans un tonneau de…
Mère Gaspard, si la police vient
Vous nous cacherez dans un tonneau de vin"
La mère Gaspard, en belle robe neuve
Était jolie comme les amours
Faut dire qu'en c' moment elle est veuve
Car son mari fait ses treize jours
Dupif qu'est un vrai chauffe la couche
Par la taille l'empoignant soudain
Voulait l'embrasser sur la bouche
Pendant qu' nous chantions ce refrain :
"Mère Gaspard, si votre époux revient
Vous nous cacherez dans un tonneau de…
Mère Gaspard, si votre époux revient
Vous nous cacherez dans un tonneau de vin"
J' commençais à n'être pas tranquille
Car j' connais ma femme au rasoir
Si j' rentre en r'tard au domicile
E' va m' conter quelqu' chose ce soir
J' dis donc la chose aux camarades
En demandant à les quitter
Ils s'écrient "Mince de rigolade
Tu n' vas peut-être pas déserter !
Mère Gaspard, si son épouse vient
Vous le cacherez dans un tonneau de…
Mère Gaspard, si son épouse vient
Vous le cacherez dans un tonneau de vin"
Mais pendant qu'on r'prenait un verre
D' paillet si je n' me trompe pas
C'est bien ma sacrée ménagère
En douceur qui s'amène là-bas
Sous prétexte d'en faire une bien bonne
Dupif s'écrie "J' fais un p'tit noir"
J' n'eus que l' temps d' dire à la patronne
En disparaissant sous l' comptoir :
"Mère Gaspard, v'là mon épouse qui vient
Fichez-la bien vite dans un tonneau de…
Mère Gaspard, pour qu'elle fasse pas d' potin
Fichez-la bien vite dans un tonneau de vin"
[* un bon demi-setier]