Paroles : Émile Carré - Musique : Victor Robillard - Éditeur : Ph. Feuchot, Paris (1883)
Dans c' Paris, au siècle où nous sommes
Y a toutes sortes de gensses et d'états
Les uns font des corsets pour hommes
D'autres d' la bouillie pour les chats
Y en a qu'est professeurs d'algèbre
Moi, je l' suis d' savate et d'argot
C'est à moi qu'on doit c' mot célèbre :
Oh ! malheur… oùsqu'est mon flingot ?
Oùsqu'est mon flingot ? hein, qué phrase
C'est ronflant comme J' te vas tuer
C'est l' mot d' Cambrone voilé d'une gaze
Ou l' pendant d' Si ça n' fait pas suer
Quand d' mon pip'let qui bat la s'melle
J' vois la fille avoir un piano
Ben, vrai, qu' je m' dis, tout l' monde s'en mêle
Oh ! malheur… oùsqu'est mon flingot ?
Quand j' vois entrer chez Cascadette
Un vieux crétin qu'a r'çoit la nuit
Qui n' tient plus d'bout, qui branle la tête
Et qui croit qu'elle est folle d' lui
Je m' dis : Ça frise la soixantaine
Ça n'a plus d' gazon su' l' coco
Et ça vient s' faire app'ler Ugène
Oh ! malheur… oùsqu'est mon flingot ?
Quand j' vois l' ministère s' dissoudre
Je m' dis : L' cerveau des inventeurs
D'vrait trouver une machine à coudre
Les idées d' certains orateurs
C'est vrai, l'on s' dispute, on s' chamaille
Comme dans les couplets d' M'ame Angot
Et l'on s'étonne que tout déraille
Oh ! malheur… oùsqu'est mon flingot ?
Une maxime qu'est vraie quoique pas neuve
C'est qu'y a rien d' nouveau sous l' soleil
C' qu'on voit chaque jour en est la preuve
Plus ça change et plus c'est pareil
Pour qu'on soye heureux sur la terre
On r'connaît qu' c'est la paix qu'y faut
Et tous les jours on s' fait la guerre
Oh ! malheur… oùsqu'est mon flingot ?