Le Cochon et l'ânon
Un matin de printemps la demoiselle Toinon
S'en allait au marché pour vendre son ânon
- Faut qu'je l'vende cher, pensait Toinon
- Où qu'nous allons ? Pensait l'ânon
Ils sont joints en chemin par le gars Nicolas
Qu'em'nait dans sa carriole un beau cochon bien gras
Il dit : "eh ! Toinon, montez donc !"
Ah ! c'qu'on sera mal, pensait l'cochon
Dans l'fond près du cochon, on installe l'ânon
Auprès de Nicolas s'assied Mam'zelle Toinon
Il lui dit êtes-vous bien Toinon ?
Moi j'suis très bien pensait l'ânon
Le cheval reprend son cours, emportant bêtes et gens
Il pensait : on dirait qu'c'est plus lourd qu'avant
Nicolas s'approchait de Toinon,
Le cochon évitait l'ânon
Nicolas lâche les rênes et rit avec Toinon
Il lui pince la taille, lui chatouille le menton
Ah ! je m'trouve mal, pensait l'cochon
J'suis mieux qu'à pied, pensait l'ânon
N'étant plus t'nu sur bride, le pauvre cheval buta
Se flanqua par terre et tout le monde culbuta
Aha ! J'vois plus clair, geignait Toinon
Qui était tombée sous ses jupons
Nicolas était tombé si près de Toinon
Qu'il pensait quelle cul-butte
Ah ! non de non, non de non !
Je suis bien fait pensait l'cochon
Pendant que braillait l'pauvre anon
Le cheval sans assistance se releva sur le champ
Le cochon et l'ânon boulotèrent dans un champ
Les jeunes gens pleins d'émotion
Se remirent de la commotion
On repartit d'la culbute on parla c'est fatal
Toinon à Nicolas disait : ça m'a fait mal
L'cochon pensait ah ! c'était bon
Vrai ! j'ai mangé comme un cochon !
Je n'sais c'que sont devenus le cochon et l'ânon
L'cochon a dû tourner en boudin, saucisson
Mais Nicolas, c'est bien crénom !
Epousait Mamzelle Toinon !