La Chèvre-feuille, choix de poèmes de Georges Hugnet dits par l'auteur
Je t'adore comme un enfant
La joie est de plus en plus rare
Je t'adore comme un amant
Le luxe est une soif bizarre
Tes caresses sont ma douceur
La seule par qui ma conscience
Debout sur le fil de l'horreur
Oublie un moment son instance
Ton amour, mon jardin d'hiver
Où se réfléchit ta paresse
Fleurit dans mon cœur grand ouvert
Ses séductions et leur ivresse
Je t'adore comme l'amour
Permet les passions et les haines
Je t'adore comme le jour
Hante et régit les vies humaines
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Laisse ta hanche
Laisse ta hanche blonde
Dans mon bras caressant
Car tout l'amour du monde
Y coule avec mon sang
La haine est là, regarde
Cette tête sans cou
Dans cette vie hagarde
Le malheur est partout
Ce sont ces cris déments
Que mon désir si tendre
Et mon amour violent
Voudraient te faire entendre
L'amour ouvre le bal
Et notre force est née
Sur l'océan du mal
Sois l'île fortunée
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Trois fois je t'ai trompé
Trois fois je t'ai trompé et c'est toi que j'adore
Sur ta nuque d'enfant, le duvet qui la dore
Apprivoise l'éclat dont rêvent les printemps
Rose de la rose des vents
Je serai ton courage et toi notre paresse
La porte dérobée où mon regret te laisse
Traverse mon amour plus grand qu'une forêt
Tes mains enfleurent le muguet
Un poème par jour pour t'aimer davantage
Épingle tout vivant mon cœur à ton corsage
Mon papillon cloué, mon parfum de cédrat
Ton pollen brille sur le drap
Tes lèvres ont fleuri sur une pipe en terre
Un jour, tu resteras comme naît un mystère
Aussi tu viens toujours à l'instant où les chats
Font l'amour parmi les lilas
Chasse de nos saisons cette vie anormale
Le crime a déployé sa crinière infernale
Ton souvenir doit vivre au rythme de mon sang
Mes mots sont la main dans le gant