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Titre : | Chantecler ; Acte I scène V (face 1) | ||||||||||
Compositeur(s) et-ou auteur(s) : | Rostand, Edmond | ||||||||||
Interprète(s) : | Simone [Pauline Benda] ; Dux, Pierre ; Coquelin, J.P. ; Toulout, J. | ||||||||||
Genre : | Diction : théâtre | ||||||||||
Fichier audio : | |||||||||||
Photo(s) : |
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Support d'enregistrement : | Disque | ||||||||||
Format : | 30 cm aiguille (enregistrement électrique) | ||||||||||
Lieu d'enregistrement : | Paris, France | ||||||||||
Marque de fabrique, label : | Pyral aluminium 45037 | ||||||||||
Date de l'enregistrement : | 1946-05-12 | ||||||||||
Instruments : | Déclamation, diction, monologue | ||||||||||
État : | abon | ||||||||||
Vitesse (tours/minute) : | 78 | ||||||||||
Matériel employé au transfert : | Garrard 401, SME 3012, pointe 2,5ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe US30, passe-bas 4kHz, Cedar X declick, decrackle, dehiss | ||||||||||
Date du transfert : | 21-07-2011 | ||||||||||
Commentaires : | Texte du contenu ci-joint. Fragment de l'enregistrement de l'émission radiodiffusée le 12 mai 1946. Simone (Pauline Benda, 1877-1985) [elle fut successivement Mme Le Bargy, Mme Casimir-Périer, Mme François Porché] : la faisane ; Pierre Dux : Chantecler ; J.P. Coquelin : le merle ; J. Toulont : Patou. Pour la lecture des faces 2 à 5, en trop mauvais état (voir photos), il faudra utiliser un moyen optique. | ||||||||||
Texte du contenu : | Chantecler
Création : 7 février 1910 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin - Éditions Fasquelle (1910) PATOU, tressaillant et reniflant. Le grand Jules braconne. LE MERLE. Chien, ça t'excite ? PATOU, l'œil brillant, l'oreille dressée. Oui... ça me... Et, tout d'un coup, comme se domptant, d'une voix émue ; Non ! LE MERLE. Tu t'attendris ? PATOU. Oh ! c'est affreux ! Peut-être une pauvre perdrix !... LE MERLE, narquois. Tiens ! l'âge a mis de l'eau... PATOU. Dans mes yeux ! LE MERLE. Rhumatisme, Tu donnes des accès d'animalitarisme ! PATOU. Non, mais j'ai plusieurs chiens en moi. Je lutte un peu. Ma truffe d'épagneul se dresse aux coups de feu. Mais alors, avec ma mémoire de caniche, J'évoque une aile en sang, un œil mourant de biche, Ce que met un lapin dans son dernier regard... Et je sens s'éveiller mon cœur de Saint-Bernard ! Nouvelle détonation. LE MERLE, se cachant derrière le panier. Encor ! UN FAISAN DORÉ, volant brusquement par-dessus le mur, et tombant, affolé, dans la cour. Cachez-moi ! CHANTECLER. Ciel ! PATOU Un faisan doré ! UN FAISAN DORÉ, allant vers Chantecler. N'est-ce Pas le grand Chantecler ? LE MERLE, derrière le panier. Faut-il qu'on le connaisse ! UN FAISAN DORÉ, qui court de tous les côtés. Sauvez-moi, si c'est vous ! CHANTECLER. C'est moi. Fiez-vous-en... Nouvelle détonation. UN FAISAN DORÉ, sursautant et se jetant contre Chantecler. Ah ! mon Dieu ! CHANTECLER. Mais c'est très nerveux, un coq faisan ! UN FAISAN DORÉ. Je n'en peux plus ! J'ai trop couru ! Il s'évanouit. LE MERLE. V'lan ! la syncope ! CHANTECLER, qui soutient d'une aile le faisan Qu'il est beau quand son col tombe et se développe ! Il court vers l'abreuvoir. De l'eau !... C'est qu'on a peur de l'abîmer ! Il l'éclabousse vivement de son autre aile. De l'eau ! UN FAISAN DORÉ, revenant à lui. On me poursuit ! Ah ! cachez-moi ! LE MERLE. C'est du mélo ! Au faisan. Comment diable a-t-on pu vous manquer ? UN FAISAN DORÉ, allant et venant, éperdu. Par surprise ! Le chasseur n'attendait qu'une alouette grise. En me voyant partir, il a dit : « Sacrebleu ! » Il n'a vu que de l'or. Je n'ai vu que du feu ! Mais le chien me poursuit, un affreux chien... Se trouvant devant Patou, il ajoute vivement : ... de chasse ! À Chantecler. Cachez-moi ! CHANTECLER, agité. C'est qu'il est voyant. Ça m'embarrasse. Où le cacher ? – Monsieur... Seigneur... Noble étranger... – Où cacher l'arc-en-ciel s'il était en danger ? PATOU. Là, près du petit banc qui supporte deux ruches, J'habite un chalet vert qu'on cale avec des bûches : Entrez ! CHANTECLER, après un instant, au Merle, qui, de sa cage où il est remonté, voit par-dessus le mur. Il est loin ? LE MERLE. Très loin ! CHANTECLER, allant vers la niche de Patou. Sortez, Madame ! LA FAISANE, apparaissant sur le seuil de la niche. Eh bien ! Révoltée, affranchie, oui... comme a dit ce chien ! Mais de très grande race, et fière autant que franche, Et faisane des bois ! Elle sort, d'un bond. LE MERLE. Fichtre ! elle a de la branche ! LA FAISANE, qui va et vient, avec une fébrilité sauvage. J'habite la forêt où braconne... CHANTECLER. Ce fou Qui voulait enchâsser du plomb dans un bijou ! LA FAISANE. Sous le feuillage épais que le soleil transperce, Je vis ! Mais c'est d'ailleurs que je viens. D'où ? De Perse ? De Chine ? On ne sait pas ! Mais on peut être sûr Que j'étais faite pour chatoyer dans l'azur Parmi les thuyas verts gonflés de sandaraque, Et non pour fuir sous des ronciers, devant un braque ! Suis-je l'ancien Phénix ou la poule Kin-Ky ? D'où fus-je rapportée ? et comment ? et par qui ? La Fable tergiverse et m'offre un choix splendide. C'est pourquoi je choisis d'être née en Colchide D'où j'ai dû revenir sur le poing de Jason ! Je suis en or. C'est moi, peut-être, la Toison ! PATOU. Qui, vous ? LA FAISANE. Moi, le faisan ! PATOU, rectifiant doucement. La faisane. LA FAISANE. Ma race ! Car je la représente, ayant pris la cuirasse De pourpre. Oui, ce destin que longtemps je subis D'être une feuille morte à côté d'un rubis M'ayant un jour semblé décidément trop pâle, J'ai volé son plumage éblouissant au mâle. Et j'ai bien fait, car je le porte mieux que lui ! La palatine d'or sur moi se gonfle et luit ; J'ai donné plus de grâce à la verte épaulette, Et d'un simple uniforme ai fait une toilette ! CHANTECLER. Mais c'est qu'elle est étourdissante ! PATOU, à part. Sapristi ! Il ne va pourtant pas aimer un travesti ! LE MERLE, qui est redescendu en sautillant. Il faut absolument prévenir la pintade Qu'il passe un oiseau d'or ! Elle en sera malade ! Elle va l'inviter ! À Chantecler. Je m'en vais faire un tour. Il sort. CHANTECLER, se rapprochant de la Faisane. Vous venez d'Orient, alors, comme le Jour ? LA FAISANE. Ma vie a le désordre amusant d'un poème. Si je vins d'Orient, ce fut par la Bohème ! PATOU, à part, navré. Bohémienne ! LA FAISANE, à Chantecler, en faisant jouer les couleurs de son col. Avez-vous remarqué ces deux tons ? Il n'y a que l'Aurore et moi qui les portons ! Princesse des sous-bois et Reine des clairières, J'ai le jaune chignon qu'ont les aventurières. Nostalgique, j'ai pris pour palais palpitants Les iris desséchés qui bordent les étangs. J'adore la forêt, et lorsque, septembrale, Elle sent le bois mort... PATOU, consterné. C'est une cérébrale ! LA FAISANE. ...Folle comme une branche un jour de sirocco, Je m'agite, je vibre et je m'énerve... CHANTECLER, qui depuis un instant commence à laisser traîner son aile, se met à tourner (comme faisait tout à l'heure le merle en l'imitant), et fait son bruit de gorge, très doux. Cô... La faisane le regarde. Il se croit encouragé et reprend plus fort, en tournant. Cô... LA FAISANE. Monsieur, j'aime mieux vous dire tout de suite Que si c'est pour moi... CHANTECLER, s'arrêtant Quoi ? LA FAISANE. L'œil, la courbe décrite, L'aile qui pend, le « Cô... » CHANTECLER. Mais je... LA FAISANE. C'est très bien fait : Seulement, ça ne me fait pas le moindre effet. CHANTECLER, un peu démonté. Madame... LA FAISANE. Oh ! je comprends. On est le Coq illustre. Il n'est pas une poule au monde qui ne lustre Ses plumes dans l'espoir – certes, des plus touchants, – De pouvoir vous distraire, un jour, entre deux chants ! |
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