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Titre :À un enfant (extrait de "Les insomnies")
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Rostand, Maurice
Interprète(s) :Rostand, Maurice
Genre :Diction : poème
Fichier audio :
Photo(s) :
PhotoPhoto
Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement acoustique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :Pathé
Numéro de matrice :N201717-1
Inscriptions complémentaires :9
Date de l'enregistrement :1929-05-xx
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :80
Matériel employé au transfert :Garrard 401, SME 3012, pointe 2,8ET sur Stanton, Elberg MD12 : courbe US30, passe-bas 4k, Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :22-11-2012
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Gravée d'avril à juin 1929 et publiée par Pathé au printemps 1930, cette "Anthologie des poètes français contemporains dits par eux mêmes" rassemble sur 24 faces de disques les voix de Lucie Delarue-Mardrus, Maurice Donnay, René Fauchois, Paul Fort, Franc-Nohain, Paul Géraldy, Rosemonde Gérard, Pierre de Nolhac, François Porché, André Rivoire, Maurice Rostand et Miguel Zamacoïs récitant des fragments de leurs oeuvres. Un article publié en français dans The French Review, Vol. 4, No. 6 (May, 1931), pp. 461-466 offre une présentation de ces disques et propose un état des lieux de la diction du vers français et la déclamation en France, en considérant cet art comme étant alors dans une période de transition. Collection David Schmutz.
Texte du contenu :À un enfant

Maurice Rostand

Éditeur : Ernest Flammarion


Toi qui passes portant un double fardeau d'or
Sur ton visage plein de grâce
Enfant si pur qu'il semble interdit à la mort
Dis-moi, sais-tu ce qui se passe ?

Le déchirant automne a fui ! L' hiver viendra
Sa lumière touche nos tempes :
Bientôt le soir pensif et gris rapportera
Le petit soleil de la lampe.

Toi qui passes, portant sous tes minces sourcils
Deux précipices qui frissonnent.
Sais-tu, toi qui laissas l'inconnu pour ici
Que personne n'aime personne ?

Sais-tu que rien jamais ne ressemble au bonheur
Si ce n'est la mélancolie ?
Et que si, par hasard, Dieu t'a donné un cœur,
C'est pour souffrir toute ta vie ?

Sais-tu qu'il n'est ici de possibles instants
Que ceux où l 'on oublie de vivre ;
Sais-tu que rien jamais ne finit doucement
Que, quelquefois, dans certains livres ?

Sais-tu qu'aucun espoir ne trouve son reflet,
Qu'aucun retour ne nous console
Que la lèvre jamais ne répond au secret
Ni le sourire à la parole ?

Sais-tu que, s'ajoutant au malheur imposé,
Règne le malheur volontaire ?
Sais-tu qu'on meurt, qu 'on tue et qu 'il n'est de baiser
Qui puisse interrompre une guerre ?

Moi, l'enfant plus âgé dont les flottants cheveux
Ont connu tous les vents du monde
Tu m'émeus comme si mon faible esprit nerveux
Revivait sous tes boucles blondes

Moi qui de ma jeunesse ai pressé tous les fruits
De la main droite et la main gauche,
Et moi qui secouais sur mes jeunes ennuis
le flambeau noir de la débauche

Moi, qui de ma précoce et blonde impureté
Ai formé ma fragile histoire,
Moi qui sais ce que c'est qu'aimer et qu'être aimé
Meurs, enfant, si tu veux me croire !

Les hommes te diront de leur cœur mensonger
De suivre leur rude carrière,
Ils te diront le goût de vivre et du danger
Le parfum brutal de la terre.

Ils te diront d'unir ta transparente voix
Au concert rauque de leurs âmes ;
Ils te provoqueront. Ne les crois pas, crois-moi
Qui suis plus triste que les femmes.

Meurs avant d'avoir vu mourir, toi qui vivais,
Autre chose que des poupées !
Meurs avant d'avoir vu se faner, tes jouets
Et grandir ta petite épée !

Ne laisse pas couper par de sages parents
Les boucles de tes tempes pures.
Refuse de survivre au refrain du printemps
Et tombe avant ta chevelure !



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