Messieurs, vous devez comprendre combien je suis ému et combien je suis embarrassé pour vous exprimer mes remerciements pour l'accueil que vous me faites ainsi qu'aux membres de la mission. Au cours de notre expédition, il nous est arrivé une fois d'avoir peur, non pour nous mais pour l'avenir de notre pays. C'est le jour où, étant à Fachoda, nous avons vu arriver une flottille venant du nord qui nous apportait des nouvelles de France. En voyant dans quel état de division était notre pays à propos d'une affaire dont je n'ai pas à parler, nous avons compris que la France ne pourrait faire le suprême effort, nous avons senti que notre pays ne pourrait faire la réponse énergique qu'hier deux siècles d'histoire lui avait enseignée. La paix, un instant en question, a été heureusement maintenue, mais je crois pouvoir dire que des faits comme cela, il n'en faudrait pas deux à la France par siècle. Je ne vous en dirai pas plus sur ce sujet. Nous avons eu aussi un serrement de cœur en quittant cette terre d'Afrique. Tout le monde nous avait dit que la Nation était contre l'armée. Eh bien, ce n'est pas vrai. Nous l'avons vu aujourd'hui et grande a été notre joie en entendant ces trois cris étroitement mêlés : Vive la France ! Vive l'armée ! Vive la République ! C'est sur cette pensée [...] patriotique que mes amis et moi nous sommes heureux de répéter avec vous : Vive la France ! Vive l'armée ! Vive la République !