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Étant soldat, je me rappelle
Quand on m' posait en sentinelle
Je criais aux passants : Holà !
Halte-là ! Halte-là !
Pour rendre ce mot populaire
L'autr' jour je m' suis dit : Je vais faire
Une chanson qui s'appell'ra :
Halte-là ! Halte-là !
Un pochard, un soir de vendange
Disait : V'là l' vin doux qui m' dérange
J'ai trop bu, j'ai l' phyloxéra
Halte-là ! Halte-là !
Si ça continue, saperlotte
J' vas tout lâcher dans ma culotte
Bon Dieu, ça n' sent pas l' réséda
Halte-là ! Halte-là !
Halte-là ! Margot la Guenippe
Vieille catin, vieille peau, vieille tripe
Ton temps est fini des lilas
Halte-là ! Halte-là !
Mais r'garde-toi donc dans la glace
Ta figure n'est plus qu'une grimace
Veux-tu r'miser, vieux choléra !
Halte-là ! Halte-là !
Halte-là ! traîtres, saltimbanques
Vous qui tripotez dans vos banques
Vous, les descendants d' Panama
Halte-là ! Halte-là !
Vous prêtez nos économies
À des nations ennemies
On n' vous les confie pas pour ça
Halte-là ! Halte-là !
Au Quatorze Juillet, dans la rue
Devant toute la foule accourue,
Puissants, en voitures de gala
Halte-là ! Halte-là !
Le peuple en sa toute-puissance
Vous crie : Messieurs, ici on danse
Rentrez chez vous, fils à papa !
Halte-là ! Halte-là !
On dit qu'un prince de l'épaulette
S'arrêta d'vant la baïonnette
Du factionnaire qui lui cria
Halte-là ! Halte-là !
On n' doit pas traverser la ligne
II faut respecter la consigne
Emp'reur, général ou soldat
Halte-là ! Halte-là !
Et vous qui dites que la France
Perd son crédit et sa puissance
Son courage et sa furia
Halte-là ! Halte-là !
Quand il tombe chaque jour de la nue
Un d' nos aviateurs qui s' tue
On n'a pas l' droit parler comme ça
Halte-là ! Halte-là !